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école Sainte-Marie à Saint-Chamond
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24 juin 2018

François MONIER

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

François Monier, portrait

 

 

 

François MONIER

 

 

MONIER François, photo

 

 

François Monier est né le 23 janvier 1896 à Saint-Julien-en-Jarez (Loire). Il est mort le 15 octobre 1918 à l'hôpital militaire thermal de Vichy (Allier). Il avait vingt-deux ans.

Il a d'abord été incorporé au 1er régiment d'artillerie de montagne à Grenoble, le 9 avril 1915. Puis est passé au 84e régiment d'artillerie lourde le 21 décembre 1915.

* la fiche MPLF (ci-dessus) comporte une erreur : il ne s'agit pas du 86e régiment d'artillerie lourde mais du 84e.

 

 

fiche matricule de François Monier

 

François Monier, fiche matricule (1)

François Monier, fiche matricule (2)

François Monier, fiche matricule (3)
fiche matricule de François Monier, né le 23 janvier 1896

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

François Monier
de Saint-Chamond

C’est à l’ombre du collège, on peut le dire en toute réalité, que s’éleva et grandit François Monier. Aussi avait-il un attachement profond pour sa chère maison de Sainte-Marie, pour sa chère madone, Notre-Dame-de-Valbenoite. Cet attachement, ses maîtres étaient heureux de le lui rendre. On savait apprécier la richesse de sa nature, et malgré une certaine apparence de timidité et de réserve, il n’avait point de peine à gagner toutes les sympathies. Il était si facile de comprendre qu’il avait un cœur d’or !

Aussi avait-on du plaisir à recevoir ses bonnes visites au collège, toutes les fois qu’une permission le ramenait auprès des siens. Quand on apercevait le jeune et grand artilleur, on avant vite fait de lui tendre la main et de lui prouver par ce geste d’affection qu’il avait bien toujours sa place au collège.

Ce fut à Grenoble, au 1er régiment d’artillerie de montagne qu’il débuta dans la vie militaire. Il pouvait lui être plus pénible qu’à un autre de partir. La pensée de laisser sa mère toute seule à son foyer, aux prises avec les difficultés d’une entreprise importante à diriger, son caractère doux et timide, tout devait contribuer à lui rendre un peu dur ce premier apprentissage, cette première séparation.

Mais il n’était point homme à se plaindre. Ses lettres sont pleines d’entrain. La perspective même d’un départ prochain sur le front excite son enthousiasme. Certes il n’oublie pas qu’il est fils, mais il tient à rappeler, avec la même force d’affection, qu’il est soldat français.

Sa vie active commença précisément en mars 1916. Avec le 84e d’artillerie lourde il fut envoyé à Verdun, et désormais le voilà inscrit dans cette chevalerie des «immortels poilus» dont le maréchal Foch lui-même ne parle qu’avec admiration. Ils ont été les véritables artisans de la victoire.

Faut-il désigner ses divers postes de combat ? Comme tant d’autres, il a été ballotté au hasard des circonstances : offensive sur la Somme, attaque de Reims, poursuite vers Saint-Quentin, nouvelle attaque sur la Somme, défense de Resson-sur-Matz, contre-attaque en Champagne. Ces diverses étapes le conduisent jusqu’en septembre 1918, à la veille même du triomphe définitif.

Dans ce va-et-vient de marches diverses, d’actions périlleuses, tous n’ont point accompli des actions d’éclat ; mais tous ont «tenu», et cette ténacité, si admirable, avec le caractère français, a permis de repousser enfin un ennemi épuisé et de lui infliger la plus écrasante défaite.

François Monier était donc jusqu’à la fin un de ces braves. Pourquoi faut-il que la maladie ait été pour lui plus inexorable que la guerre ? C’est le secret de Dieu. Les mères se posent ce problème avec une douleur angoissante ; les âmes chrétiennes s’inclinent avec résignation sous la main qui les frappe, et savent encore, dans leur immense tristesse, adorer et bénir.

Pris d’une soudaine attaque de grippe, François était évacué de sa batterie, le 6 octobre et transféré à Vichy. Malgré tous les soins qui lui furent prodigués, malgré la sollicitude d’une mère, déjà veuve et qui voulait l’arracher à la mort, la mort fut la plus forte. Il mourut le 15 du même mois, dans sa 22e année, après 32 mois de guerre.

Ce qu’il fut durant cette période, il est facile de le comprendre d’après les témoignages envoyés à sa famille, comme consolation suprême.

  • «Madame, écrivait le commandant de la 2e batterie, tous, chefs ou camarades, nous avons pu apprécier ses qualités, sa haute conception du devoir, son naturel bon et serviable. La citation à l’ordre de la brigade dont il a été l’objet, le 29 juillet dernier (1), a bien en relief la valeur de ce soldat modèle ; nulle récompense ne fut mieux méritée. Aussi espérais-je revoir bientôt Monier. Hélas ! la fatalité en a décidé autrement : si vous pleurez aujourd’hui un bon fils, nous, Madame, officiers et hommes de la batterie, nous regretterons à jamais un bon soldat, un bon camarade».

De la part de son chef d’escadron les assurances de sympathie et d’estime ont le même caractère :

  • «Madame, l’épreuve qui vous a frappée a été vivement ressentie dans le groupe où votre cher fils avait depuis longtemps su faire apprécier ses belles qualités, bien qu’au milieu d’elles fleurisse la modestie. C’était un brave soldat, en même temps qu’un bon camarade, et bien des fois, depuis près de deux ans, les circonstances ont voulu que je remarque l’attitude de ce valeureux jeune homme, attitude à laquelle apparaissait un courage tranquille et qui révélait une haute conscience de son devoir, une grande noblesse de sentiments.
    Aussi l’estime qu’il avait inspirée, par la seule manière de remplir son devoir a-t-elle rendu particulièrement pénible la douloureuse nouvelle que vous nous avez vous-même annoncée.
    Son souvenir sera conservé pieusement dans nos cœurs ; c’est le souvenir d’un vaillant dont la belle conduite est inscrite au Tableau d’honneur. La citation à l’ordre que votre brave enfant a si brillamment mérité, consacre l’honneur qui restera attaché à sa mémoire.
    Il a fallu qu’une funeste épidémie vienne ravir à votre affection maternelle ce fils tant aimé, dont vous entrevoyiez le retour, tout proche, au foyer familial et que le deuil le plus grand qui soit, vous frappe au moment où l’on voyait poindre la victoire, récompense de tant d’efforts et de tant de sacrifices… Cette épreuve est de celles qui ne peuvent être supportées avec résignation que par le courage qu’inspirent la religion et le patriotisme. Votre fils est mort pour la France. Dieu lui a réservé la récompense suprême, celle des élus, acquise par le sacrifice et la pratique des vertus chrétiennes».

Une dernière lettre que nous voulons citer encore, permettra de compléter l’étude de cette physionomie attachante. En nous révélant ce que le jeune soldat était dans l’intimité, elle nous fait comprendre à quelle source il puisait toute sa distinction morale.

  • «Hier, écrit l’un de ses amis intimes, en rentrant de permission, un servant du 84e que je chargeais de dire mes amitiés à François, m’apprend que le journal a annoncé son décès… Vous devinez ma douleur ! Pendant près de trois ans nous avions vécu ensemble. Dieu sait de quelle affection il m’a toujours entouré ! Avec quelle sollicitude il m’a assisté la nuit de ma blessure ! Je ne lui en serai jamais assez reconnaissant. Le Ciel n’a pas permis que je le revoie depuis… Nous n’aurions pas voulu être séparés et voici que la mort nous sépare à jamais… Par mes larmes et mes prières, je veux toujours vivre avec François ! Lui dont j’ai admiré la solidité des principes et cette éducation chrétienne qui fit sa force, n’est pas mort entièrement pour moi…
    Sur le sol de Champagne où il était en repos, nous discutions sur le choix d’une épitaphe ; tous deux nous avions choisi la même, celle de Louis Veuillot : "J’ai cru, je vois !" Lui qui a cru, qui a été un modèle : «Il voit !»
    Je n’ai jamais vu un enfant avoir plus de respectueuse déférence pour sa mère. Quelle reconnaissante tendresse filiale ! Quel admirable fils ! Quel bon frère et surtout quel exemple il fut ! La Providence l’a enlevé, mais seulement de corps, à ceux qui l’aimaient ; elle leur laisse son âme qui fut belle, pure et sainte : d’une délicatesse infinie elle lui donnait la force et le tranquille courage. Dieu l’a récompensé à cette heure d’une vie de vertu sans défaillance ; François a rejoint ce père dont il ne parlait jamais sans émotion et dont les enseignements l’avaient orienté dans la vie. Il prie maintenant pour sa famille désolée, particulièrement pour sa mère, et je sais que ce frère d’armes ne m’oublie pas auprès du divin Rédempteur…
    Ces jours derniers, alors que je récitais pour lui la prière des trépassés, je pensais au chagrin qu’il ressentait quand il entendait tenir des propos athées ou immoraux. Pauvre enfant ! Il ne pouvait changer les idées des hommes, les convertir de leurs sophismes aux saines réalités, il en était navré. Parmi nos camarades certains lui étaient sympathiques, mais à voir leur état d’esprit il souffrait et, vis-à-vis d’eux, il avait toujours une grande réserve. Jamais il n’eut de respect humain (2), ni forfanterie, ni médisance.
    Ce cher ami, comme il m’est doux de vivre avec son souvenir !
    Que ces impressions que j’ai pu retenir de notre vie intime et dont je fais hommage à sa mère affligée soient un peu le testament d’un fils chéri, d’un frère adoré, d’un ami sincère, à ceux qui l’ont tant aimé. Sa modestie lui eût interdit d’en révéler certains détails. Mon affectueuse amitié y aura suppléé. Ainsi, ils connaîtront mieux la beauté de son âme qui maintenant jouit de la récompense due à sa pureté ; je lui aurai rendu, moi-même aussi, le témoignage de ma franche amitié et de ma vive reconnaissance».

Écrite sous le coup de l’émotion, avec toute l’expansion de l’amitié, cette lettre prouve une fois de plus l’harmonie des vertus chrétiennes : le bon fils n’a point de peine à être un bon Français et un vaillant soldat. *

* Cette notice est extraite de l’Écho de la Grand’Grange, revue de l’Association amicale des anciens élèves des Frères.
1 - Il s’agit en fait du 19 juillet 1918 (et non du 29).
2 - Formule étrange… N'a-t-il pas voulu dire : …d’irrespect humain ?

 

 

 

François Monier a été incorporé au 1er régiment d'Artillerie de montagne

 

Grenoble, caserne du 1er RAM
caserne du 1er régiment d'Artillerie de montagne à Grenoble

 

Grenoble, quartier Hoche
Grenoble, quartier Hoche, caserne de l'artillerie de montagne

 

Grenoble, terrain manœuvre du 1er RAM
Grenoble, terrain de manœuvres du 1er régiment d'Artillerie de montagne

 

Grenoble, 1er RAM, exercices tir canon
le 1er régiment d'Artillerie de montagne, à l'exercice

 

pièce d'artillerie de montagne
une pièce d'artillerie de montagne

 

 

 

en décembre 1915, il passe au 84e régiment d'Artillerie lourde

 

historique 84e RAL, couv
Historique du 84e régiment d'artillerie lourde,
couverture

 

artillerie lourde, batterie de 155 court
artillerie lourde, batterie de 155 court, avant la guerre

 

artillerie lourde, pièce de 120 et tracteur
artillerie lourde : une pièce de 120 et son tracteur automobile

 

artillerie lourde, 155 long
artillerie lourde : mise en batterie d'un 155 long (1915)

 

 

 

citation reçue par François Monier

 

François Monier, citation

 

Le canon 155 G.P.F. (Grande Puissance Filloux) a été conçu par le lieutenant-colonel Filloux pendant la guerre. Il est devenu le canon lourd standard de l'armée française, de 1917 jusqu'à la fin en novembre 1918.

 

canon 155 long Filloux en batterie
canon de 155 long Filloux, en battarie

 

canon 155 GPF modèle 1917
canon 155 G.P.F. (modèle 1917)

 

 

 

François Monier est mort à l'hôpital militaire de Vichy

 

hôpital militaire Vichy
hôpital militaire de Vichy

 

Vichy, hôpital militaire, cour intérieure
hôpital militaire de Vichy : cour intérieure

 

 

 

au sujet du portrait de François Monier

 

François Monier, portrait
François Monier, 1896-1918

 

Nous avons trouvé cette image sur la page suivante : http://rinou.fr/Aieul1418p2.en.htm.

Il est étrange que figure sur le col de veste le n° 121, les deux seuls régiments connus pour avoir accueilli François Monier étant le 1er régiment d'artillerie de montagne et le 84e régiment d'artillerie lourde. Il n'y a pas de trace d'un passage au 121e (probablement d'infanterie)...

La solution de cette énigme nous a été fournie par Henri-Noël Ferraton, petit-neveu de François Monier :

  • «François Monier était le frère de ma grand-mère paternelle. Il est décédé de la grippe espagnole à Vichy, d’après la tradition familiale : "dans les bras de sa mère". La photo est bien celle de mon grand-oncle. Je l’ai vue chez mes grands-parents. Il existait également une image de livre de messe avec cette photo. François a toujours été artilleur. Cette veste portant l’inscription 121e n’était pas la sienne, mais celle fournie par le photographe qui lui a tiré le portrait. C'était assez courant». (28 février 2019)

Il n'y a donc pas de doute. Il s'agit bien du portrait de François Monier. Merci à Henri-Noël Ferraton.

 

 

 

 

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