Raymond BLANC
les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918
Raymond BLANC
Raymond Blanc est né le 25 juillet 1892 à Igornay (Saône-et-Loire). Il est mort le 25 août 1914 à Baccarat (Meurthe-et-Moselle). Il avait vingt-deux ans.
Il a été incorporé en octobre 1913 (service militaire), puis a effecté quelques jours intenses de guerre avant de trouver la mort au combat.
Il appartenait au 38e régiment d'infanterie, de Saint-Étienne.
fiche matricule de Raymond Blanc
fiche matricule de Raymond Blanc, né le 25 juillet 1892
Raymond Blanc
de Saint-Étienne
Les victimes tombées au début de la guerre, dans cette période si meurtrière des mois d’août et de septembre, nous apparaissent avec une auréole de vaillance toute juvénile. On allait au combat, à la mort, avec une fougue si patriotique ! Pouvait-on croire que les sacrifices de la première heure n’obtiendraient pas de suite leur récompense, la victoire rêvée ?
Il avait tout cet élan, toute cette fougue, toute cette confiance, le jeune Raymond Blanc, de Saint-Étienne. La guerre lui était apparue comme l’étape libératrice de la France. Il y avait des deuils à subir ; mais la gloire, mais le relèvement était au bout. Pour une âme chevaleresque, la perspective devenait attirante. Aucune pensée ne pouvait l’en distraire : le moment était venu de se donner de toute son âme.
C’est ainsi qu’il se donna à son devoir de fantassin, lui fortement épris d’idéal ! Depuis qu’il était arrivé à l’âge d’homme, il avait fait comprendre qu’il serait un enthousiaste des grandes causes. Qui donc aurait eu la pensée de l’en blâmer. Cette promptitude à saisir les apparitions de la vraie beauté le rendait aisément sympathique, et sa mort fut accueillie, parmi ses nombreux amis, avec les plus amers regrets !
Il mourut si vite en effet. Le 12 août, il écrivait :
- «Mes amis et moi, nous acceptons avec entrain, avec plaisir, avec orgueil, le devoir qui nous est tracé, heureux et fiers de nous trouver en première ligne de feu. Le 38e n’a pas vu 1870, il verra la Revanche. Puisque nous avons le bonheur de vivre dans la plus belle des nations, à nous de la défendre et de mourir pour Elle. Vive la France !»
Le 15 août, même ton d’enthousiasme :
- «Hier soir, au soleil couchant, nous avons salué les premiers obus allemands. Ils sont passés au-dessus de nos têtes et se sont écrasés à quelques mètres de nous. La lutte est acharnée. Toujours très heureux, baptisé et plein de confiance, je me mets entre les mains de la Vierge de Lourdes qui fera de moi ce qu’Elle voudra. Que la volonté de Dieu soit faite. Vive Dieu et la France !»
Dix jours plus tard, la correspondance était interrompue. Ce n’était plus lui qui s’adressait à sa famille : «Le 25 août, écrit son chef de section, je l’ai vu au matin de cette meurtrière journée, s’élancer sur l’ennemi, baïonnette en avant. Il avait enroulé autour du poignet, son chapelet de Lourdes qu’il ne quittait jamais…» Hélas ! il n’est point revenu !
Mais vraiment, pouvait-on espérer qu’il reviendrait de cette guerre, lui qui aimait la marche en avant, à front découvert, lui qui mettait son honneur, très simplement, en toute conviction, à donner l’exemple du courage, lui qui identifiait le devoir avec le don de soi-même pour son pays et pour ses compagnons d’armes ?
Au collège, on le choisit un jour pour donner à ses jeunes auditeurs dans un drame cornélien la vivante image du héros, sans peur ni reproche ! Cette vision revient d’elle-même à la mémoire de celui qui trace cette esquisse morale. Sans peur et sans reproche ! Cette devise résume la vie, hélas ! trop courte, de notre cher ancien, mort à Baccarat, à l’âge de 22 ans.
récit tiré de l'Historique du 38e RI, actions d'août 1914
Débarqué aux environs d’Epinal, le 38e est jeté presque de suite dans la lutte. Le 14 août, il se heurte dans le village d’Ancervillers à une position solidement défendue. C’est le premier contact avec l’ennemi ; à peine discerne-t-on chez quelques-uns un peu d’émotion et dès ce jour même, le Régiment montre par son exemple ce que peut une troupe fortement trempée.
Sous un feu meurtrier qui lui cause des pertes énormes, le 1er bataillon sous les ordres du commandant Prunier blessé au cours de l’action, se déploie dans un ordre impressionnant, comme à la manœuvre. Ancervillers est à nous et le lendemain, les 5e et 6e compagnies s’emparent d’un convoi automobile composé de vingt voitures et constituant le ravitaillement d’une division allemande.
La marche en avant est poursuivie résolument : talonnant les arrière-gardes ennemies, nos éléments franchissent la frontière et atteignent successivement Lorquin, Bertrambois et la Forêt de Hesse.
Mais nos troupes ont été attirées dans un guet-apens. L’ennemi a préparé dans la région de Sarrebourg une formidable organisation défensive contre laquelle nos corps d’armées viennent se buter. Au village de Bruderdorff, le régiment rencontre une résistance violente de la part d’un adversaire qui, protégé par des tranchées, l’accable de ses feux. Au même moment, notre 15e corps subissait devant Morhange un sérieux insuccès et le 21 août, un ordre de retraite général était donné.
Tenant tête énergiquement à la poussée ennemie, le 38e se replie sur Baccarat où il a à subir, le 24 et le 25 de durs combats. Le 25 notamment, chargées par le général d’Infreville, qui commande le Division, d’appuyer le 86e qui vient d’être durement éprouvé, nos unités s’élancent dans un élan irrésistible à la baïonnette et rétablissent intégralement la situation.
Raymond Blanc est mort le 25 août 1914 à Baccarat
Baccarat (Meurthe-et-Moselle), étape dans le mouvement de retraite de l'armée française
Baccarat (Meurthe-et-Moselle), après le 25 août 1914