les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918
Joseph THIBAUDIER
Joseph Thibaudier est né le 13 mars 1897 à Rive-de-Gier (Loire). Il est mort le 20 juillet 1918 à Rassy (Aisne) d'une blessure reçue la veille (1). Il avait vingt-et-un ans.
Son père était pharmacien. Joseph était lui-même étudiant en pharmacie lors de son recensement.
En 1918, Joseph Thibaudier était aspirant (premier grade d'officier, qui précède celui de sous-lieutenant puis de lieutenant) au 11e bataillon de Chasseurs alpins, 1ère compagnie.
Citation à l'ordre de la division : «Le 19 juillet 1918, a attaqué résolument un groupe ennemi armé de mitrailleuses et l'a mis en fuite, a été tué au cours du combat».
1 - Les deux fiches donnent la date du 20 juillet comme jour de sa mort, mais selon le texte de la citation et la notice du Livre d'or, il succombe le 19 juillet. Il est étonnant, par ailleurs, que son nom ne figure pas dans la liste de l'Historique du 11e bataillon de chasseurs ni dans le J.M.O. du régiment.
acte de naissance de Joseph Thibaudier
acte de naissance de Joseph Thibaudier
fiche matricule de Joseph Thibaudier
fiche matricule de Joseph Thibaudier, né le 13 mars 1897
Joseph Thibaudier
de Rive-de-Gier
À sa dernière permission, Joseph Thibaudier était venu au collège, à son collège.
On était toujours heureux de l’y revoir. N’y avait-il pas passé de longues années, toute sa vie scolaire, en y laissant le souvenir d’un élève intelligent, appliqué et vraiment sérieux ? Son air juvénile semblait ajouter encore au plaisir qu’on éprouvait de revoir «l’enfant de Sainte-Marie».
Lui-même était attaché à ses maîtres et ne craignait point de témoigner son indignation, lorsqu’il entendait dire que l’on menaçait de fermer, par une mesure odieuse, sa chère institution. Il avait même des paroles de menace, très vibrantes, à l’adresse de ceux qui auraient le triste courage d’exécuter ce forfait.
Des sentiments de cette nature attestent toute la noblesse de son caractère. Quand on a la haine de l’iniquité et le culte de la reconnaissance, c’est qu’on a le cœur droit et l’âme généreuse.
Cette générosité fait comprendre que Joseph Thibaudier refusa toujours de rester dans le service de santé, où ses études précédentes lui permettaient de se faire inscrire. Malgré de légitimes observations, il préféra rester dans le corps d’élite que sont les chasseurs alpins, et vraiment il fut jusqu’au bout un excellent chasseur. Il avait quelque chose d’alerte, de décidé, d’entraînant. Rien qu’à le voir, dans sa belle tenue militaire, on sentait qu’il irait jusqu’au bout de son devoir, sans hésitation, presque sans réfléchir, par l’inspiration d’une volonté prête à tous les sacrifices.
Il avait fait une première campagne en Italie, à l’époque où des renforts français durent soutenir les forces entamées de nos alliés.
Ramené en France, il se trouvait en juillet 1918, dans l’armée de la Marne qui allait commencer les opérations glorieuses, auxquelles nous devons les joies de la victoire et la libération de tant de villes françaises. Le jeune aspirant devait vibrer en travaillant d’une façon si glorieuse pour son pays. Combien ils nous apparaissent sympathiques ces jeunes héros qui tombent, à l’aube même du triomphe !
C’était le 19 juillet ; jusqu’au soir, sa section n’avait pas été en contact direct avec l’ennemi. On la tenait en réserve, et devait faire le ravitaillement en munitions.
Mais une reconnaissance offensive se produit sur le front de sa compagnie, et la section de réserve est appelée à donner son appoint.
Joseph Thibaudier fait aussitôt mettre ses hommes en tirailleurs et s’écrie : «En avant ! Jusqu’à la lisière du bois !» L’opération est périlleuse. Une mitrailleuse allemande prend les chasseurs sous son feu, et au milieu de ses terribles rafales, les hommes sont obligés de se coucher. À ce moment même, le sergent qui se trouve à côté de lui, tombe, les deux bras fracassés.
C’est alors que notre jeune aspirant qui s’était couché, se relève, pour soigner son camarade, tire son couteau, se met à genoux, et commence à couper les courroies de son sac, afin de lui faire un premier pansement.
Ce geste certes était dangereux. Mais Joseph oubliait les rafales pour ne songer qu’à son blessé. C’est dans cette attitude du bon Samaritain, penché sur le corps d’un mourant, qu’il est atteint lui-même en plein front. Il n’a que le temps de dire : « J’y suis !» et il tombe, victime de son dévouement.
Il repose maintenant dans le petit village de Rassy (Aisne).
Dans une lettre à sa famille, le capitaine de Joseph faisait l’éloge du jeune aspirant en ces termes :
- «En mon âme de chef, connaissant bien Thibaudier, je résume ainsi ce qu’était votre enfant : gai, plein d’entrain, toujours souriant, ne connaissant point la peur, ignorant le danger, s’y portant de toute son âme».
Avec tout son âme ! N’est-ce pas la devise du petit chasseur qui ne connaissait que cette manière d’aimer son pays !
J.M.O. du 11e bataillon de Chasseurs, juillet 1918
mouvements du 11e bataillon de Chasseurs alpins, entre le 11 et le 20 juillet 1918
J.M.O. du 11e bataillon de Chasseurs, 11 juillet 1918 : localisation
Joseph Thibaudier appartient à la 1e compagnie
J.M.O. du 11e bataillon de Chasseurs, 20 juillet 1918 : l'attaque sur Rassy (Aisne)
Cointicourt, Breuil, Remont-Voisin, Rassy (Aisne)
l'église de Cointicourt (Aisne)
église de Cointicourt : Joseph Thibaudier est passé par là
église de Cointicourt, aujourd'hui
église de Cointicourt, aujourd'hui
hameau de Rassy (Aisne)
hameau de Rassy (Aisne)
hameau de Rassy, juillet 2013
hameau de Rassy, juillet 2013
hameau de Rassy, mai 2013
hameau de Rassy, mai 2013
en juillet 1918, Joseph Thibaudier a été enterré au village de Rassy
Sa dépouille a probablement été exhumée puis enterrée dans un cimetière, après la guerre.
une entrée du village de Rassy (Aisne)
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