Pierre PINAY
les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918
Pierre PINAY
Pierre Pinay est né le 27 mars 1892 à Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône). Il est mort le 16 décembre 1914 à côté d'Ypres (Belgique). Il avait vingt-deux ans.
Ses parents s'appelaient : Claude Pinay et Marie Claudine Bresse. Son père porte le même prénom que le père d'Antoine Pinay mais il s'agit bien de deux personnes différentes (et la mère d'Antoine Pinay s'appelle Besson). Les deux familles sont peut-être cousines...
Lors de son recensement, Pierre Pinay était élève de l'École coloniale.
Il est incoporé en octobre 1913 au 4e régiment de Zouaves, à Tunis.
* la fiche MPLF (mort pour la France), ci-dessus, comporte une erreur dans le numéro de matricule : il ne s'agit pas de 482 mais de 933.
acte de naissance de Pierre Pinay
acte de naissance de Pierre Pinay à Saint-Symphorien-sur-Coise
fiche matricule de Pierre Pinay
fiche matricule de Pierre Pinay, né le 27 mars 1892
Pierre Pinay
de Saint-Symphorien-sur-Coise
Pierre Pinay, soldat au 4e Zouaves, a été tué le 21 décembre 1914 (1), comme agent de liaison, et porteur d’un pli du colonel au commandant. C’est en accomplissant son devoir qu’il est tombé, et dans un discours adressé aux hommes de sa compagnie, son chef a pu en toute légitimité le citer comme exemple à tous.
Voici sur l’action où il trouva la mort les détails fournis par un sous-officier de ses amis :
- «Monsieur, j’ai fait toute la campagne avec votre fils et j’ai même assuré la liaison avec lui, auprès de notre cher et regretté commandant B.
Le 21 décembre, Pierre Pinay venait de conduire une section à son emplacement au sud d’Ypres. En revenant dans le boyau qui conduisait en première ligne, il reçut en plein corps toute la charge d’un obus. Il fut littéralement criblé de balles et d’éclats.
Ce ne fut que quelques heures après que ne le voyant pas revenir, des camarades songèrent à aller à sa recherche. Ils le trouvèrent mort. La mort d’ailleurs, d’après ses nombreuses blessures, avait dû être instantanée.
Il fut enterré auprès d’une ferme incendiée, à 300 mètres en arrière de la première ligne et à proximité d’un bois de sapins. On lui rendit les honneurs militaires et sa tombe fut ornée avec tout le soin possible. Tous ceux qui l’ont connu l’ont regretté : c’était un garçon intelligent, sans fierté, bon camarade, brave et toujours dévoué».
1 - Il s'agit en réalité du 16 décembre 1914.
Pierre Pinay appartenait au 4e régiment de Zouaves (Tunis)
Le 4e régiment de Zouaves était caserné à Tunis. Il incorporait les Européens résidant dans le protectorat français.
groupe de Zouaves en Tunisie, mai 1914
Zouaves en marche, Bizerte, Tunisie, 1914
Pierre Pinay à Ypres (Belgique) en décembre 1914
L'historique du 4e Zouaves évoque la situation à la fin de l'année 1914 : «Dès le 9 décembre, tout le régiment est ramené au sud d'Ypres, vers Kruisstraat, où réside le quartier général de la 38e Division. Il est désigné pour occuper des tranchées au nord du canal d'Ypres, à hauteur de Verbran den Molen, où il relève des éléments de la Division marocaine. Jusqu'au 21 décembre, les bataillons se remplacent avec des semblants de repos dans des fermes bombardées».
Pierre Pinay est très probablement mort à Verbranden Molen.
- Ce secteur du front est connu pour avoir été le théâtre d'une exécution sommaire (décimation), le 16 décembre 1914 : 10 tirailleurs tunisiens de la 15e compagnie du 8e régiment de Tirailleurs sont tirés au sort et fusillés par un peloton de zouaves pour avoir refusé de sortir de la tranchée lors d'une attaque.
situation autour d'Ypres à l'automne 1914
c'est en Flandre occidentale (Belgique) qu'est mort Pierre Pinay
le 4e régiment de Zouaves en poste à Verbranden-Molen, novembre 1914
Ypres, une tranchée sur le front, 1914 : photographie de presse, agence Meurisse (source) ;
il ne s'agit sûrement pas d'une tranchée de première ligne, plutôt une semi-tranchée de réserve
tranchée à Zillebeke, à côté de Verbranden-Molen
acte de décès de Pierre Pinay
acte de décès de Pierre Pinay, transcription
la décimation des tirailleurs, 16 décembre 1914
Cette exécution sommaire de tirailleurs est connue, notamment par les recherches de l'historien Gilbert Meynier (1942-2017). Celui-ci ne précise pas qui a dû fusiller les désignés au sort. J'ai trouvé qu'il s'agissait du 4e bataillon du 4e régiment de Zouaves qui mentionne le fait dans son J.M.O. (journal des marches et opérations). Mais la date fournie est le 16 décembre et non le 15 comme évoqué par Gilbert Meynier.
La photographe britannique Chloe Dewe Mathews, dans le cadre de son projet Shot at dawn (fusillés à l'aubre) a retrouvé les lieux de l'exécution.
Difficile de dire si Pierre Pinay a eu connaissance du refus de marcher des tirailleurs de la 15e compagnie du 8e Tirailleurs. En tout cas, il est mort le jour même où ils furent exécutés.
Gilbert Meynier, L'Algérie révélée. La guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXe siècle,
1981, p. 275 ; Meynier donne la date du 15 décembre...
J.M.O. du 4e bataillon du 4e régiment de Zouaves, 15-17 décembre 1914
lieu de la fusillade des décimés, 16 décembre 1914
Verbranden Molen, Shot at dawn, photo de Chloe Dewe Mathews, 2013 (source)