Louis RIGOT
les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918
Louis RIGOT
Louis Rigot est né, à Lyon, le 3 juin 1893. Il est mort au cours de la bataille du Linge ( 20 juillet au 16 octobre 1915), le 18 août. Le Linge est un massif montagneux du sud des Vosges dont le sommet (Lingekopf) culmine à 983 m, dans le département du Haut-Rhin.
Louis Rigot appartenait à une excellente famille lyonnaise. Aussi les sentiments les plus généreux, puisés au foyer paternel et entretenus avec une sollicitude pleine de tact, lui ont toujours permis de tempérer les saillies d’une nature qui n’était point faite pour le repos et la modération.
Il réalisait bien une partie du portrait tracé par Bossuet sur le caractère du jeune homme. Les paroles du grand orateur sont dans toutes les mémoires. Quand il parle comme on le sait, du sang «chaud et bouillant» des jeunes, il indique qu’il y a là des ressources pleines de richesses, et cette psychologie de l’éducation trouvera dans tous les siècles de frappantes applications. Louis Rigot appartenait à cette galerie des caractères, prompts à vibrer !
Aussi n’est point surpris de le trouver dans le 11e bataillon de chasseurs alpins.
Glorieux bataillon ! Il fut depuis le début des hostilités de toutes les affaires périlleuses. Les diables bleus méritaient justement leur réputation, et le caporal Rigot n’était pas en retard sur ses compagnons d’armes pour se montrer ardent à l’assaut, indifférent au danger et fier de la gloire collective de son bataillon. Il passait indemne au milieu des balles, revenait sans blessures, et se trouvait prêt à recommencer.
Mais peut-on recommencer longtemps et toujours dans une guerre où les moyens de destruction se multiplient à mesure que les mois s’écoulent ? Le jour allait venir où le charme devait être rompu.
Le 19 août 1915, le 11e bataillon faisait l’attaque d’une tranchée ennemie. L’attaque avait parfaitement réussi. Après un sérieux bombardement, les chasseurs s’étaient lancés à l’assaut. Sans coup férir la tranchée avait été prise. On était content. Mais là se trouvaient encore quelques soldats allemands dont la plupart se rendirent. Pourtant, l’un d’eux eut le temps de viser le caporal Rigot et le pauvre chasseur tomba mortellement frappé à la poitrine : un coup de riposte, tiré par un camarade, abattit de suite le meurtrier allemand.
Malheureusement, quelques instants après, il fallut abandonner la tranchée conquise ; car l’artillerie ennemie fauchait les rangs des Français. Dans ces conditions, il fut impossible de relever les blessés et les morts ; les cadavres restèrent entre les mains de l’ennemi, et le corps du caporal Rigot ne fut point retrouvé.
L’assaut lui avait donc été fatal ; sa première blessure était mortelle ; mais Louis qui ne connaissait guère les règles de la prudence militaire, pratiquait mieux celles de la prudence chrétienne. Avant de monter à l’assaut, il demanda à son aumônier de prier pour lui, et c’est avec cette assistance sacerdotale qu’il s’est présenté bien prêt pour le dernier jugement. Il ne savait pas ce que c’est que rougir de sa foi devant ses hommes. C’est en chevalier sans peur qu’il a dû paraître au tribunal de Dieu, le Juste rémunérateur du courage chrétien.
les lieux où Louis Rigot a trouvé la mort
tombes allemandes sur le Linge