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école Sainte-Marie à Saint-Chamond
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12 juillet 2018

Mathieu VEILLON

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Mathieu VEILLON

 

 

VEILLON Mathieu, fiche MPLF

 

 

 

Mathieu Veillon est né le 16 août 1884 à Saint-Chamond. Il est mort le 30 août 1914 au combat du Haut de la Pax (commune de Gerbéviller, Meurthe-et-Moselle). Il a été "identifié" à Moyen, commune proche de Gerbéviller (1),sans que l'on sache ce que recouvre cette formule. Il avait tout juste trente ans.

Son père était employé aux Forges et Aciéries de la Marine, à Saint-Chamond.

Au moment de son recensement, Mathieu Veillon était employé de soieries, à Lyon.

Il a effectué son service militaire d'octobre 1905 à septembre 1906 au 158e régiment d'infanterie.

En 1914, il est mobilisé au 99e régiment d'infanterie, à Vienne (Isère) et est versé dans le 299e. Après deux semaines passées dans les Alpes, consacrées à l'entraînement de ces soldats qui sont des réservistes, il est dirigé vers la Lorraine. Le baptème du feu a lieu le 26 août, autour de la position de Borville (petite commune d Meurthe-et-Moselle).

C'est à une dizaine de kilomètres, au nord-est, que se déroule combat, très meurtrier pour les troupes françaises, autour de Gerbéviller le 30 août 1914.

Mathieu Veillon est inhumé dans la nécropole nationale de Gerbéviller, ossuaire 1.

 

1 - Le J.M.O. (journal des marches et opérations), dans l'état des pertes dressé à la fin de l'année (31 décembre) le note comme mort le 28 août.

 

 

 

acte de naissance de Mathieu Veillon

 

acte naissance Mathieu Veillon
acte de naissance de Mathieu Veillon

 

 

 

fiche matricule de Mathieu Peillon

 

Mathieu Veillon, fiche matricule (1)

Mathieu Veillon, fiche matricule (2)

Mathieu Veillon, fiche matricule (3)
fiche matricule de Mathieu Veillon, né le 16 août 1884

 

 

 

Mathieu Veillon a fait son service militaire au 158e régiment d'infanterie

(1905-1906)

 

158e régiment d'infanterie alpine
158e régiment d'infanterie alpine, avant 1914

 

 

 

le mois de guerre de Mathieu Veillon, dans l'Historique du régiment

 

Historique 299e (1)

 

Historique 299e (2)

Historique 299e (3)
extrait de l'Historique du 299e régiment d'infanterie

 

 

 

 

Gerbéviller, incendie et destructions, 24 août 1914

 

Gerbéviller, destructions incendie, août 1914 (1)
incendie et destructions à Gerbéviller, 24 août 1914

 

Gerbéviller, destructions incendie, août 1914 (2)
incendie et destructions à Gerbéviller, 24 août 1914 : Mathieu Veillon a vu cela

 

 

 

Mathieu Veillon est mort au combat du Haut de la Pax

 

Haut de la Pax, localisation
Haut de la Pax, localisation

 

route entre Gerbéviller et Moyen, Haut de la Pax sur la gauche
route entre Gerbéviller et Moyen, Haut de la Pax sur la gauche (juin 2016)

 

 

 

la journée du 30 août 1914, dans le J.M.O. du 299e R.I.

 

JMO 299e RI, 30 août 1914
extrait du Journal des marches et opérations (JMO) du 299e régiment d'infanterie, 30 août 1914

 

Ie et IIe armées, 3 septembre 1914 au soir, légendé
carte tirée du tome premier, 2e volume de : Les armés française dans la Grande Guerre

 

 

 

 

le nom de Mathieu Veillon dans la liste des tués du 299e (J.M.O.)

 

pertes 299e, 31 déc 1914 (1)

pertes 299e, 31 déc 1914 (2)

pertes 299e, 31 déc 1914 (3) légendé
extrait du J.M.O. du 299e, à la date du 31 décembre 1914

 

 

 

30 août 1914 : des morts du 299e ont été enterrés sur place...

 

grande tombe entre Gerbéviller et Moyen
une grande tombe sur le champ de bataille entre Gerbéviller et Moyen (août 1914)

 

 

 

...et d'autres dans le cimetière devenu nécropole

 

Gerbéviller, cimetière des soldats français
Gerbéviller, cimetière des soldats français, début années 1920

 

 

 

Mathieu Veillon est inhumé dans la nécropole nationale de Gerbéviller

 

nécropole de Gerbéviller, ossuaire 1
ossuaire 1 de la nécropole nationale de Gerbéviller (Meurthe-et-Moselle)

 

plaque ossuaire Gerbéviller, Mathieu Veillon
le nom de Mathieu Veillon sur la plaque de l'ossuaire 1 à Gerbéviller

 

nécropole nationale de Gerbéviller, août 2013
nécropole nationale de Gerbéviller, Meurthe-et-Moselle, août 2013

 

 

 

 

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11 juillet 2018

Bernard QUARRÉ de VERNEUIL

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Bernard QUARRÉ de VERNEUIL

 

 

QUARRÉ de VERNEUIL, fiche MPLF

 

 

Bernard Quarré de Verneuil est né le 24 janvier 1896 à Dijon (Côte d'Or). Il est mort le 8 mars 1916 à Vaux-devant-Damloup (Verdun, Meuse). Il avait vingt ans.

Son père, Émile Carré de Verneuil, était chef de bataillon (lieutenant-colonel) au 27e régiment d'infanterie de ligne.

Bernard Quarré de Verneuil est engagé volontaire et arrive au 27e régiment d'infanterie de Dijon le 23 décembre 1914. Il passe au 408e régiment d'infanterie le 1er avril 1915 ; caporal le 5 mai et sergent le 29 septembre 1915.

Il meurt au deuxième jour de l'attaque allemande contre le fort de Vaux, débutée le 6 mars 1916. Il a probablement été inhumé sur le champ de bataille.

Il est titulaire de la Médaille militaire et de la Croix de guerre.

Citation : «Vaillant sous-officier. Tombé glorieusement au champ d'honneur en entraînant sa demi-section à l'attaque, le 8 mars 1916, devant le fort de Vaux».

 

 

 

acte de naissance de Bernard Quarré de Verneuil

 

acte naissance Bernard Quarré de Verneuil
acte de naissance de Bernard Quarré de Verneuil, 24 janvier 1896

 

 

 

fiche matricule de Bernard Quarré de Verneuil

 

Bernard Quarré de Verneuil, fiche matricule (1)

Bernard Quarré de Verneuil, fiche matricule (2)
fiche matricule de Bernard Quarré de Verneuil, 24 janvier 1896

 

 

 

Bernard Quarré de Verneuil a fait ses classes au 27e R.I., à Dijon, début 1915

 

Dijon, caserne du 27e RI, vers 1905
caserne du 27e régiment d'infanterie à Dijon, vers 1905

 

27e RI, groupe de soldats
groupe de soldats du 27e régiment d'infanterie, avant 1914

 

 

 

le secteur de Vaux et Damloup (Verdun), 25 février 1916

 

Vaux et Damloup, 25 février 1916
carte au 20 000e, AFGG (Armées françaises dans la Grande Guerre)

 

 

 

position occupée par le 408e R.I. le 2 mars 1916

 

JMO 408e, mars 1916 (1)
J.M.O. (journal des marches et opérations) du 408e régiment d'infanterie, 2 mars 1916

 

Le 2 mars 1916, les bataillons du 408e régiment d'infanterie prennent position, selon son J.M.O. : «autour du fort de Vaux : secteur compris entre Damloup inclus [jusqu'] au cimetière de Vaux exclu».

 

position du 408e le 2 mars 1916, légendé
fond de carte : Les Armées françaises dans la Grande Guerre (AFGG)

 

Vaux et fort de Vaux, mars 1916, légendé
fond de carte : Les Armées françaises dans la Grande Guerre (AFGG)

 

 

 

 

6 mars 1916 : début de l'attaque allemande sur Vaux

 

JMO 408e, 6 mars 1916
J.M.O. du 408e régiment d'infanterie, début du récit du 6 mars 1916

 

 

 

le 8 mars 1916, jour de la mort de Bernard Quarré de Verneuil

 

JMO 408e, 8 mars 1916 (1)

JMO 408e, 8 mars 1916 (2)
J.M.O. du 408e régiment d'infanterie, début du récit du 8 mars 1916

 

Sturm auf das Dorf Vaux, 8 märz 1916
Sturm auf das Dorf Vaux, 8. märz 1916 (tempête autour du village de Vaux ; gravure allemande)

 

 

 

état des pertes du 408 R.I. du 7 au 12 mars 1916

 

JMO 408e, 8-12 mars 1916, état des pertes
J.M.O. du 408e régiment d'infanterie, état numérique des pertes du 7 au 12 mars 1916

 

 

 

 

 

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10 juillet 2018

Jean VIORNERY

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Jean VIORNERY

 

 

VIORNERY Jean, fiche MPLF

 

Jean Viorney est né le 18 novembre 1882 à Maclas (Loire). Il est mort le 16 septembre 1914 à Élincourt-Sainte-Marguerite (Oise). Il avait trente-et-un ans.

* voir la fiche de Joseph Chaland, mort le même jour et au même endroit que lui.

 

 

la fiche matricule de Jean VIORNERY

 

VIORNERY Jean, fiche matricule (1)

VIORNERY Jean, fiche matricule (2)
fiche matricule de Jean Viornery, né le 18 novembre 1882

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

(Caporal à la 3e compagnie du 38e régiment d’Infanterie. Tombé au champ d’honneur, le 16 septembre 1914, au plateau de l’Écouvillon, à Élincourt-Sainte-Marguerite, Oise).

C’est au début même de la guerre que Jean Viornery fut rangé parmi les «disparus», mot trop souvent, hélas, employé à désigner les victimes anonymes de la première heure. Il a fallu des renseignements obtenus au terme des hostilités pour connaître, désormais sans doute possible, la triste réalité. Il était bien tombé au «champ d’honneur», le 16 septembre 1914 : sa vie militaire n’avait été que de cinq à six semaines (1).

Il partit en effet le 2 août pour rejoindre, avec les soldats de la classe 1902, le 238e régiment d’infanterie à Saint-Étienne.

Versé de suite, dès le 16 août,  dans le 38e, il fut envoyé en renfort dans les Vosges où il resta jusqu’au 12 septembre, date à laquelle le 38e fut dirigé sur Compiègne. C’est au moment où les ennemis battent en retraite, dans la nuit du 15 au 16 septembre, que son régiment prend contact avec les Allemands, près du village d’Élincourt-Sainte-Marguerite, situé dans l’Oise, à égale distance environ de Noyon et de Compiègne.

C’est le 1er bataillon du 38e, celui-là même auquel appartient le caporal Viornery, qui est désigné pour attaquer, au petit jour. Le front d’attaque s’avançant sur le plateau de l’Écouvillon, dans la direction de la ferme de Carmoy, est tenu à l’extrême-gauche par la 3e compagnie ; précisément Jean Viornery est là. Nos soldats ont reçu l’ordre d’avancer en terrain découvert sous une pluie de balles que leur déversent les mitrailleuses allemandes, dissimulées dans les bois en face. La 3e compagnie et plus particulièrement encore la section à laquelle appartient notre caporal qui occupe l’extrême-gauche du front d’attaque, sont de plus prises à revers par les mitrailleuses ennemies, établies à la point du bois dont nos soldats ont dépassé la ligne.

On comprend dès lors que dans cette périlleuse position la courageuse compagnie ait été de suite terriblement éprouvée.

Les blessés et les cadavres jonchent littéralement le terrain parcouru. Malgré tout, Jean Viornery parvient avec quelques autres jusqu’à un chemin creux, toujours dans la direction de l’objectif indiqué, et se trouve là relativement abrité.

C’est alors que voulant chercher à découvrir l’invisible adversaire, il se lève au-dessus du talus qui le protège. À peine s’est-il montré qu’il retombe subitement en arrière, sans pousser un cri. Seul, un filet de sang indique de suite à son camarade, dont on tient tous ces détails, qu’une balle l’a atteint en plein front, et qu’il est tombé pour ne plus se relever.

Une heure après, les Allemands maîtres du terrain venaient capturer, à cet endroit même, les survivants de la 3e compagnie, blessés ou non blessés, au nombre de douze ou quinze seulement : c’était tout ce qui restait de cette malheureuse phalange. Ils emmenaient de plus une vingtaine d’hommes qui, blessés tout à fait au début de l’attaque, n’avaient encore pu rejoindre l’arrière.

Ce jour même, les lignes françaises et allemandes se stabilisèrent et grand nombre de cadavres français restèrent entre les lignes sans qu’on ait pu les relever, si ce n’est deux ans plus tard.

Cependant, le corps de Jean Viornery resté aussi sur le terrain et entre les lignes, avec celui d’un de ses anciens camarades du collège, Joseph Chaland, put être relevé dix semaines après, le 26 novembre, grâce à une patrouille effectuée de nuit, par le 86e régiment d’Infanterie. Les papiers du pauvre caporal n’ayant pas été recueillis ni transmis comme il convenait, ce n’est qu’en mars 1919, après le retour des prisonniers, que la famille de Jean put apprendre les détails de sa mort. Une circonstance toute fortuite permit même d’interroger sur ces douloureux événements l’un des sous-officiers qui avait fait partie de la patrouille grâce à laquelle son corps fut inhumé avec ceux de quelques autres de ses camarades du 38e.

C’est donc au plateau de l’Écouvillon, à Élincourt-Sainte-Marguerite que repose sa dépouille mortelle : mais ses restes n’ont pu être identifiés. Ils sont ensevelis dans l’une des nombreuses tombes qui portent pour toute épitaphe, cette laconique inscription : «Un inconnu», ou «cinq inconnus du 38e régiment d’infanterie».

Faut-il ajouter que notre cher ancien est mort non seulement en brave, mais en parfait chrétien ? Peu avant l’attaque il s’était confessé à un prêtre soldat, et restait ainsi fidèle aux traditions si religieuses d’une famille qui a l’honneur de compter parmi ses membres l’excellent industriel du Nord, le saint M. Harmel !

Jean Viornery, tombé sur le champ de bataille, pour la France ! - Clément Viornery, victime à 11 ans d’un terrible accident sur le Rhône ! Celui qui écrit ces lignes ne peut s’empêcher d’unir dans un même souvenir cette double mémoire. Ces deux noms lui rappellent tant de beauté morale, d’une part dans la physionomie angélique du plus jeune, et de l’autre dans la figure si sympathique du vaillant soldat. En peu de jours, Jean avait conquis l’estime et l’affection de tous : c’est qu’il était de la race des hommes justes et charitables.

 

1 - En réalité, sa vie militaire fut plus longue puisqu'il avait effectué un an de service militaire d'octobre 1903 à octobre 1904.

 

 

Élincourt-Sainte-Marguerite où est mort Jean Viornery, le 16 septembre 1914

 

Élincourt (1)
"sapins détériorés par les obus, 16 septembre 1914"

 

Élincourt (2)
tombes de soldats tués le 16 septembre 1914

 

Élincourt (3)
cadavres allemands après la bataille

 

Élincourt (4)
maison incendiée par les soldats allemands le 16 septembre 1914

 

Élincourt (5)
la sépulture de Jean Viornery devait ressembler à celles-ci

 

 

 

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9 juillet 2018

Pierre VILLET

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Pierre VILLET

 

 

VILLET Pierre, fiche MPLF

 

 

Pierre Villet est né le 13 novembre 1880 à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie). Il est mort le 21 avril 1916 à l'ambulance 219 de Fraize (Vosges). Il avait trente-cinq ans.

Il est entré au collège Sainte-Marie en 1893 et l'a quitté en 1898.

Son père était garde-mines, c'est-à-dire technicien de l'État chargé de seconder les ingénieurs des mines (1).

Il est devenu ingénieur lui-même.

Pierre Villet est arrivé à l'armée le 26 février 1915. Il a été nommé aspirant (premier grade d'officier avant celui de sous-lieutenant puis de lieutenant) le 20 août et sous-lieutenant le 7 octobre 1915.

Il est resté en formation, dans la zone de l'intérieur, du 26 février au 6 octobre 1915. Puis il a été affecté dans la zone des armées à partir du 7 octobre 1915 jusqu'à sa mort en avril 1916. Il a d'abord été au 12e bataillon de chasseurs alpins puis est passé au 13e bataillon le 23 août 1915.

Sans la notice du Livre d'or, il aurait été difficile de savoir au cours de quel combat et quand précisément Pierre Villet a été mortellement blessé : aucune mention sur la fiche matricule ; absence de J.M.O.pour le 13e bataillon de Chasseurs alpins... Son régiment, qui relevait du la 46e division d'infanterie, se trouvait à Metzeral (Haut-Rhin, Vosges) en janvier-mars 1916 puis à Fraize au cours du mois de mars, plus au nord que Metzeral ; les deux endroits sont distants d'une cinquantaine de kilomètres.

L'Historique du 13e bataillon de Chasseurs - qui n'est pas très informatif dans son ensemble - note qu'au début de l'année 1916 : «De mars à juin, ce fut le séjour au Violu, près du col de Sainte-Marie[-aux-Mines], séjour enchanteur à demi sur les mines et sous les torpilles» En effet, la guerre des mines a duré des mois dans ce secteur, dès 1915. Elle reprend en mars 1916, conjointement avec la bataille de Verdun. Les explosions, des deux côtés, deviennent de plus en plus fortes jusqu'en avril 1916.

C'est le Livre d'or qui nous apprend comme est mort Pierre Villet.

 

1 - Voir le chap. "L'École, les gardes-mines et l'industrie" du livre de Anne-Françoise Garçon, Entre l'État et l'usine, l'École des Mines de Saint-Étienne au XIXe siècle, 2004.

 

 

 

acte de naissance de Pierre Villet

 

acte naissance Pierre Villet
acte de naissance de Pierre Villet, à Saint-Jean-de-Maurienne

 

 

 

fiche matricule de Pierre Villet

 

Pierre Villet, fiche matricule (1)

Pierre Villet, fiche matricule (2)
fiche matricule de Pierre Villet, né le 13 novembre 1880

 

 

explication du temps passé en "campagne contre l'Allemagne"

 

Diapositive1
les mentions campagne simple ou campagne double

 

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

Pierre Villet
de Saint-Jean-de-Maurienne

Pierre Villet entra au collège en 1893 et termina ses études en 1898. Ce fut un travailleur, sobre de paroles, mais énergique. Sa ténacité constante le conduisit d’une façon régulière au succès. Il quitta Sainte-Marie, laissant le souvenir d’un élève sérieux, préoccupé avant tout de son avenir.

Fils d’un ingénieur des mines, il embrassa lui aussi la carrière d’ingénieur. Il ne craignait point d’aller diriger des exploitations lointaines, en Algérie (phosphates), en Nouvelle-Calédonie (nickel), en Bolivie (argent et cuivre). À l’entendre causer - et il aimait à revenir au collège, rafraîchir ses souvenirs d’antan - on voyait qu’il était attaché à ses fonctions. Les difficultés de la vie à l’étranger n’étaient point pour l’effrayer. Quand on est montagnard et enfant de la Savoir, on est prêt, s’il le faut, à toutes les austérités de l’existence.

  • «La mobilisation le surprit en France, au moment où il allait repartir pour l’Amérique du Sud et prendre la direction d’une affaire d’un riche avenir.
    Il avait été exempté au moment de la conscription. Déclaré bon pour le service par un nouveau conseil de révision, il aurait pu, comme beaucoup d’autres, entrer dans une usine ; mais il déclina les offres qui lui furent faites.
    Affecté à un bataillon de chasseurs alpins, il ne tarda pas à être envoyé comme aspirant à l’école de Saint-Maixent. Nommé sous-lieutenant au 13e chasseurs alpins, dont le dépôt est à Chambéry, il se fit aussitôt remarquer par son esprit d’initiative, par son courage impassible, par la loyauté de son caractère et sa serviabilité qui faisaient de lui le meilleur et le plus sûr des camarades…
    C’était un excellent officier, un travailleur, un dévoué. Commandant le peloton de sapeurs pionniers, il trouvait là de quoi occuper son inlassable activité. Son esprit ingénieux était toujours à la recherche de perfectionnements et il n’était jamais plus heureux que lorsqu’il avait trouvé un nouveau moyen de nuire à l’ennemi».

Le matin même de sa mort, il faisait une reconnaissance en 1ère ligne pour placer les mitrailleuses de sa confection et il était revenu enchanté.

Malheureusement sa passion pour la science, son amour des recherches furent cause de sa mort. Passionné en effet pour les découvertes scientifiques, il dévissait les obus ennemis qui n’avaient pas explosé, afin d’en connaître le mécanisme et d’en tirer d’utiles indications pour le perfectionnement de nos engins. Il n’était pas un novice dans ce travail dangereux ; car il avait déjà étudié plus de 300 obus non explosés.

Toutefois, le 21 avril, comme il examinait la fusée d’un obus qui venait de tomber sur sa cagna, l’explosion se produisit et lui laboura affreusement la poitrine. Transporté en automobile à Fraize, il expirait dans le trajet, après avoir demandé lui-même et reçu pieusement les derniers sacrements.

À côté du brave officier que le danger n’effrayait pas et qui en toutes circonstances conservait un calme imperturbable, on trouvait en lui un camarade affectueux, un cœur généreux, un ami sûr entre tous. Appelé par ses fonctions sur tous les points du front, il ne manquait jamais d’aller serrer la main aux camarades qui se trouvaient dans le voisinage.

Et c’était pour nous un très grand plaisir de le voir arriver avec son allure dégagée, son bon sourire affectueux, qui créait une atmosphère de gaieté et de sympathie. Aussi ses chasseurs l’adoraient. Pour s’en convaincre, il n’y avait qu’à regarder les visages au jour fatal de l’accident : c’était la consternation.

Les funérailles du sous-lieutenant Villet eurent lieu à Fraize (Vosges), le 25 avril. Pendant la messe, les chants de l’orgue alternaient avec ceux de la musique du 22e chasseurs, dominés tous les deux par la voix imposante du canon qui parvenait jusqu’à l’église de cette localité.

Pierre Villet repose à Fraize dans un caveau particulier, en attendant que des circonstances meilleures permettent de le ramener à Saint-Jean-de-Maurienne. Il aimait beaucoup son pays natal et son suprême désir a été sans doute de dormir à l’ombre de ses hautes montagnes.

Réservé, peu prodigue de ses paroles, Pierre Villet était l’ennemi de tout ce qui sent le bluff ou la pose. La dernière fois qu’il vint à Saint-Jean-de-Maurienne, écrit un de ses amis, il fut cependant plus communicatif que d’habitude : «Je ferai mon devoir, nous dit-il, vous pouvez en être sûr. Mais si je viens à tomber, n’allez pas, s’il vous plaît, faire de moi un héros».

La modestie ajoute un nouveau trait à cette bien captivante physionomie.

 

 

 

Pierre Villet est au 13e bataillon de chasseurs depuis le 23 août 1915

 

André Mermet, chasseur au 13e bataillon, mort en 1918
André Mermet, un chasseur du 13e bataillon,
mort en 1918
(source)

 

escouade de chasseurs du 13e bataillon
groupe de chasseurs du 13e bataillon (source)

 

 

 

en mars et avril 1916, Pierre Villet se trouvait au Violu,

près du col de Sainte-Marie-aux-Mines (Vosges) où il a été touché

 

Violu, carte 1916, ligne de front
le secteur du Violu (Vosges) (source du fond de carte)

 

sommet du Violu après la guerre
le sommet du Violu, après la guerre

 

vallée de Sainte-Marie-aux-Mines depuis le Violu
la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines, depuis le Violu (Vosges) (source)

 

vestige de tranchée à la Tête de Violu
vestige de tranchée à la Tête du Violu (source)

 

 

 

 Pierre Villet est mort à l'ambulance 219 à Fraize (Vosges)

 

Fraize, rue de la Gare, chasseur à vélo
Fraize, rue de la Gare, chasseur alpin tenant son vélo

 

Fraize, rue de la Gare, militaires
Fraize, rue de la Gare, militaires sur le trotoir dont un chasseur

 

Fraize, rue de la Gare, chasseurs
Fraize, rue de la Gare, chasseur aau milieu de la rue

 

Fraize, mention ambulance 219 (1)

Fraize, mention ambulance 219 (2)
carte postée de Fraize le 5 septembre 1917 et mentionnant "ambulance 219"

 

 

 

en 1916,  Pierre Villet est enterré à Fraize (Vosges)

Pierre Villet a été inhumé le 25 avril 1916, dans un caveau au cimetière de Fraize.

Plus tard, sa dépouille a dû être exhumée et transférée à Saint-Jean-de-Maurienne, comme il était prévu de le faire à l'époque. En tout cas, il ne figure dans le relevé des 317 noms de l'actuel cimetière militaire de Fraize.

 

Fraize, église et cimetière des soldats
Fraize, église, cimetière des soldats ; avant la réorganisation de 1925

 

Fraize, église et cimetière des soldats (2)
Fraize, église, cimetière des soldats

 

Fraize, cimetière, tombes des soldats
Fraize, cimetière, tombes militaires

 

monument aux morts, Saint-Jean-de-Maurienne
le nom de Pierre Villet figure sur l'une des plaques
du monument aux morts de Saint-Jean-de-Maurienne

 

 

 

 

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8 juillet 2018

Ernest VITOU

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

Ernest Vitou, portrait

 

Ernest VITOU

 

 

VITOU Ernest, fiche MPLF

 

 

Ernest Vitou est né le 26 mai 1895 à Tournon (Ardèche). Il est mort le 3 juin 1917 à Craonne (Aisne). Il avait vingt-deux ans.

Il existe une photo de lui en classe de Troisième au lycée de Tournon, l'année scolaire 1908-1909. Il a donc dû se trouver à Sainte-Marie de 1909 à 1912.

Lors de son recensement, il était étudiant en droit.

Ernest Vitou était aspirant (premier grade d'officier avant celui de sous-lieutenant puis de lieutenant) au 64e bataillon de Chasseurs à pied.

D'après le «détail des services» de sa fiche matricule, on apprend qu'il est arrivé au 24e bataillon de Chasseurs le 9 septembre 1915. Il est reçu élève aspirant et semble alors avoir fréquenté deux centres d'instruction d'élèves-officiers : celui de Brignoles (Var) jusqu'à fin avril 1916 qui était un centre d'instruction de grenadiers, puis celui de Joinville (Val de Marne) qui venait de rouvrir officiellement le 8 mai sous le nom de Centre d'instruction physique et de combat à la baïonnette (source) mais qui, semble-t-il, accueillait des élèves avant cette date.

Il est nommé caporal, le 10 juillet, sergent le 10 août et aspirant le 10 septembre 1916, à la sortie du centre d’instruction de Joinville.

Il est parti en campagne le 22 septembre 1916. On ne sait pas très bien quand il est passé du 24e au 64e bataillon de Chasseurs...

Son régiment est arrivé dans l'Aisne en avril 1917, en passant par le village de Romain (Marne) où il a cantonné. Il se porte à hauteur de Craonnelle (Aisne) les 16 et 17 avril puis subit des pertes importantes les jours suivants. Du 4 au 22 mai, le 64e est en bivouac à Hourges (Marne).

Le 31 mai 1917, le 64e bataillon monte aux tranchées de Craonne :

  • «La 6e compagnie, à droite, sur deux lignes, entre le boyau de Californie (1) et le bord est du plateau. La 8e compagnie, à gauche, sur deux lignes, entre le boyau de Californie et celui de Craonne inclus. Ces deux compagnies sont renforcées le 2 [juin] au soir chacune par une section de la 7e compagnie ; ce qui les met à 80 fusils chacune. La moitié de la 7e compagnie avec le capitaine Pauchard, avec les F.M.B., les deux sections de mitrailleuses, en réserve à la carrière». (extrait du J.M.O.)

Assez curieusement, le nom d'Ernest Vitou n'est pas mentionné dans le J.M.O., et on ne sait pas où il est enterré.

  • Citation : «Aspirant d’une haute valeur morale, dans la journée du 3 juin 1917, pendant que l’ennemi attaquait avec acharnement nos positions, l’aspirant Vitou debout sur le parapet de la tranchée, tira à bout portant sur l’ennemi, jusqu'au moment où il tomba mortellement frappé par une balle à la tête, donnant ainsi, à tous ses chasseurs, le plus bel exemple d’héroïsme».
  • Ernest Vitou est le frère de Paul Vitou, ancien de Sainte-Marie également mort pour la France.

1 - Le plateau de Californie, autrefois appelé «montagne de Craonne», tient son nom d’un saloon américain appelé «La Californie» crée par Henry Vasnier, un négociant en vins de champagne, avant 1914. Le site était alors un lieu de détente avec service d’hôtellerie, un zoo, et un jardin exotique. (source)

 

 

Ernest Vitou en 1908-1909

 

lycée Tournon, 1908-1909
Ernest Vitou en classe de Troisième à Tournon, au 2e rang, 4e en partant de la gauche (source)

 

Ernest Vitou, 1909
probablement âgé de treize ans

 

 

 

fiche matricule d'Ernest Vitou

 

Ernest Vitou, fiche matricule (1)

Ernest Vitou, fiche matricule (2)
fiche matricule d'Ernest Vitou, né le 26 mai 1895

 

 

 

Enest Vitou a été élève-officier à Brignoles (Var) puis à Joinville

 

Brignoles (Var), la caserne
Brignoles, la caserne : Ernest Vitou y était-il logé ?

 

Brignoles (Var), cantonnement, marabouts
Brignoles : cantonnement militaire, les tentes marabouts, 1916

 

Marcel Le Bigot, élève-aspirant, 1915
un élève-aspirant à Joinville, 11 mai 1915 (Marcel Le Bigot) (source)

 

élèves aspirants, Joinville, octobre 1916 à janvier 1917
promotion d'élèves-aspirants à Joinville, octobre 1916-janvier 1917

 

 

 

le 64e bataillon de Chasseurs est arrivé dans l'Aisne en avril 1917

 

Romain (Marne), cantonné août 1914
le 64e cantonne à Romain (Marne), à la frontière de l'Aisne, le 13 avril 1917
(carte qui évoque un cantonnement en août 1914)

 

 

 

les 16 et 17 avril 1917, le 64e bataillon de Chasseurs est à Craonnelle

 

Bois de Beaumarais, avril 1917, légendé
en quittant le cantonnement de Romain, le 64e s'est porté sur les bois de Craonnelle

 

Bois de Beaumarais, carte actuelle
carte actuelle du secteur de Craonnelle et du Bois de Beaumarais

 

piste suivie par le 64e Btn, 15 au 16 avril 1917
piste suivie par le 24e Bataillon les 16 et 17 avril 1917 (croquis tiré du J.M.O.) ;
le 24e et le 64e se trouvaient dans le même secteur

 

 

 

du 4 au 22 mai 1917, le 64e est au repos à Hourges (Marne)

 

Hourges (Marne), vue panoramique
Hourges (Marne), où bivouaque le 64e bataillon de Chasseurs en mai 1917

 

Hourges (Marne), la place
Hourges (Marne), la place du village

 

Hourges (Marne), soldats au repos, 10 juin 1917
Hourges, soldats au repos, 10 juin 1917 : Ernest Vitou est mort une semaine auparavant

 

 

 

le 31 mai 1917, le 64e monte aux tranchées de Craonne

 

«La 6e compagnie, à droite, sur deux lignes, entre le boyau de Californie et le bord est du plateau. La 8e compagnie, à gauche, sur deux lignes, entre le boyau de Californie et celui de Craonne inclus»  (J.M.O., 31 mai 1917).

 

Craonne, mai-sept 1917, AFGG
extrait de la carte : lignes successives tenues par la Xe armée et la droite de la VIe, du 15 mai au 1er septembre 1917 (AFGG)

 

Chemin des Dames, plateau de Californie
Craonne, plateau de Californie

 

plateaux de Californie, mai 1917, AFGG
extrait de la carte : principaux points de friction au Chemin des Dames ;
la lutte pour les plateaux nord de Craonne, 22 mai au 16 juillet 1917 (AFGG)

 

extrait points de friction
détail de la carte ci-dessus

 

extrait carte JMO 334e RI, juillet 1917
extrait d'une carte tirée du JMO du 334e régiment d'infanterie, juillet 1917

 

croquis occupation tranchées Craonne, 31 mai 1917
croquis d'occupation des tranchées de Craonne par le 64e bataillon, 31 mai 1917 (J.M.O.) :
le tracé des tranchées et boyaux est beaucoup plus précis

 

Craonne, tranchées sommet plateau
Craonne, tranchées au sommet du plateau

 

Craonne, entrée d'une cagna
plateau de Craonne, entrée d'une cagna (abri)

 

 

 

Ernest Vitou est mort à Craonne, le 3 juin 1917

 

Historique 64e btn Chasseurs, 2 et 3 juin 1917
Historique du 64e bataillon de Chasseurs à pied, 2 et 3 juin 1917

 

flameng_californie
le plateau de Californie, peinture de François Flameng (source)

 

 

 

les deux frères Vitou

 

les deux frères Vitou
l'Illustration

 

 

 

le plateau de Californie, aujourd'hui

 

californie6
le plateau de Californie, aujourd'hui (source)

 

CaliforniePL04-02p
le plateau de Californie, aujourd'hui (source) 

 

californie1
le plateau de Californie, aujourd'hui (source)

 

 

 

 

 

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7 juillet 2018

Paul VITOU

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

Paul Vitou, portrait couleur

 

Paul VITOU

 

 

VITOU Paul, fiche MPLF

 

 

Paul Vitou est né le 17 août 1887 à Tournon (Ardèche). Il est mort le 2 août 1916 à Glorieux (Meuse) après avoir été blessé dans la tranchée Saint-Gratien, cote du Poivre à Bras-sur-Meuse, secteur de Verdun. Il avait 28 ans (presque 29 ans...).

Lors de son recensement, il était étudiant à l'Institut national d'Agronomie.

Il a effectué son service miltaire d'octobre 1909 à mai 1910, date à laquelle il a été réformé. Il était alors à Privas et à Pont-Saint-Esprit.

En novembre 1914, il est reconnu apte au service armé et incorporé au 61e régiment d'infanterie le 15 décembre 1914.

Il devient caporal le 24 septembre 1915. Il appartient à la 9e compagnie.

 

  • Citation : «Toujours volontaire pour les missions les plus dangereuses, a le 2 août 1916, au cours de l’attaque d’une tranchée allemande, littéralement électrisé les hommes qui l’entouraient par le bel exemple de sang-froid, d’énergie et de calme qu’il a montré. A été tué bravement à son poste de combat, au cours de l’action».

Paul Vitou est inhumé dans la nécropole nationale de Glorieux (Meuse), tombe 2269.

  • Paul Vitou est le frère d'Ernest Vitou, ancien de Sainte-Marie également mort pour la France.

 

 

 

fiche matricule de Paul Vitou

 

Paul Vitou, fiche matricule (1)

Paul Vitou, fiche matricule (2)
fiche matricule de Paul Vitou, né le 17 août 1887

 

 

Paul Vitou appartenait au 61e régiment d'infanterie

 

61e régiment, 1906
élèves caporaux du 61e régiment d'infanterie, 1906

 

Poilus du 61e régiment, pendant la guerre
Poilus du 61e régiment d'infanterie

 

 

en juillet-août 1916, le 61e R.I. se trouve à Bras-sur-Meuse, secteur de Verdun

 

Bras-sur-Meuse, carte actuelle
Bras-sur-Meuse, au nord de Verdun

 

défenses RFV, 21 février 1916 - 1
Bras-sur-Meuse et la cote du Poivre, organisations défensives, 21 février 1916 (carte AFGG)

 

 

 

l'attaque du 2 août 1916

 

Historique 61e, 2 août 1916
extrait de l'Historique du 61e régiment d'infanterie

 

61e RI, JMO, 2 août 1916 (1)

61e RI, JMO, 2 août 1916 (2)
extrait du J.M.O. du 61e régiment d'infanterie, 2 août 1916

 

région est de Vacherauville, avril 1916 - 1
le ravin du Monument, au pied de la cote du Poivre, sur une carte d'avril 1916

 

secteur est de Bras-sur-Meuse, légendé
fond carte : AFGG (Armées françaises dans la Grande Guerre)

 

 

 

Paul Vitou a été blessé à Bras-sur-Meuse, cote du Poivre

 

Bras-sur-Meuse, train sauveur
Bras-sur-Meuse, coute du Poivre, train de ravitaillement bombardé

 

 

 

la mort de Paul Vitou, dans le J.M.O.

 

61e RI, JMO, 2 août 1916, extrait pertes
extrait des pertes du 2 août 1916, J.M.O. du 61e régiment d'infanterie ;
Paul Vitou est dans la deuxième colonne, 6e à partir du haut

 

 

 

les deux frères Vitou

 

les deux frères Vitou
L'Illustration

 

 

Paul Vitou a été inhumé à Glorieux, nécropole nationale

 

cimetière militaire de Glorieux, côté sud
cimetière militaire de Glorieux, côté sud

 

cimetière de Glorieux,Verdun
cimetière militaire de Glorieux (Meuse)

 

cimetière militaire de Glorieux, 3600 tombes
cimetière militaire de Glorieux, 3600 tombes

 

Nécropole_nationale_Glorieux_2
nécropole nationale de Glorieux

 

Nécropole_nationale_Glorieux_3
nécropole nationale de Glorieux

 

Verdun_cimetiere_militaire_francais_glorieux
nécropole nationale de Glorieux

 

 

 

 

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6 juillet 2018

Charles HELLY d'ANGELIN

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Charles HELLY d'ANGELIN

 

 

HELLY d'ANGELIN Charles, fiche MPLF

 

 

Charles HELLY d'ANGELIN est ne lé 6 août 1895 à Saint-Germain-de-Villeneuve (Ardèche). Il est mort le 8 novembre 1918, à l'hôpital temporaire n° 16 (dépendance de l'hôpital temporaire n° 8) à Salonique, en Grèce, des suites de maladie contractée en service (grippe compliquée). Il avait vingt-trois ans.

Engagé volontaire pour la durée de la guerre le 2 septembre 1914, au 6e régiment de Hussards. Il passe au 13e régiment de Chasseurs le 7 mars 1915 et est envoyé au front. Au cours de l'année 1916, il est coureur, c'est-à-dire agent de liaison, à la 66e Division qui les 3, 4 et 5 septembre s'empare du village de Cléry lors de la bataille de la Somme.

En décembre 1916, il part pour les Balkans, au nord de Monastir.

Depuis le 15 juin 1917, il appartenait au 4e régiment de Chasseurs d'Afrique. Ce régiment était parti pour l'Armée d'Orient le 18 octobre 1916 et s'était embarqué à Marseille sur quatre navires différents du 7 au 14 novembre. Il débarque à Salonique de manière échelonnée entre le 13 et le 23 novembre 1916.

Citation à l'odre du groupe de cavaliers de la 66e Division d'infanterie, 17 septembre 1916 : «Détaché comme coureur à la Division, a assuré avec le plus grand sang-froid, les liaisons les plus périlleuses en particulier pendant les journées des 3, 4 et 5 septembre 1916».

  • Henri Prénat a également appartenu au 4e régiment de Chasseurs d'Afrique.

 

 

fiche matricule de Charles Helly d'Angelin

 

HELLY d'ANGELIN Charles, fiche matricule (1)

HELLY d'ANGELIN Charles, fiche matricule (2)
fiche matricule de Charles Helly d'Angelin, né le 6 août 1895

 

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

Charles d’Angelin
de Valence

C’était une bien douce physionomie que celle de notre jeune ancien, Charles d’Angelin. Au collège, où il ne resta que deux ans, il passait pour un timide. Mais nous savons quelles réserves de vigueur renferment souvent ces natures en apparence calmes et silencieuses. Maintes fois la guerre a révélé un fonds très riche d’énergie là où l’on s’attendait à trouver plutôt le désir et la tranquillité.

La vie militaire de Charles d’Angelin a été des plus simples et peut se résumer en quelques mots.

Engagé le 2 septembre 1914, pour la durée même de la guerre, il fut envoyé au front, en mars 1915, avec le 9e escadron du 13e Chasseurs à cheval. C’est dans ces conditions qu’il prit part à tous les combats de la 66e Division et de plus à la bataille de la Somme, où il mérita d’être cité à l’ordre du jour, dans les termes suivants :

«Détaché comme coureur à la Division, a assuré avec le plus grand sang-froid les liaisons les plus périlleuses, en particulier durant les journées des 3, 4 et 5 septembre 1916».

Deux mois après, en décembre, il partait avec un escadron à pied pour les Balkans. On l’envoya de suite dans un secteur très menacé, au nord de Monastir. Les pertes de l’escadron furent de suite si effrayantes, qu’on fut obligé de le dissoudre. À cette époque, notre cher soldat dut payer son tribut au climat de la région ; les fièvres du pays l’obligèrent à suspendre son service et à passer quelques jours à l’hôpital.

À peine remis, il fut versé au 4e Chasseurs d’Afrique, et goûta un repos relatif pendant une période d’occupation du territoire grec. Bientôt, on le renvoya au front et nous le trouvons en pleine activité militaire, pendant l’offensive, si brillamment conduite, qui détermina la capitulation de la Bulgarie.

Pourquoi faut-il que ces fatigues aient épuisé ses forces ? Repris par la maladie au lendemain de cette victoire, il fut envoyé à l’hôpital de Salonique le 31 octobre 1918 et là, si loin des siens, au bout de huit jours, le 8 novembre, il rendit le dernier soupir.

  • «Pauvre et bien cher enfant, nous écrit son père, Dieu dans sa miséricorde lui aura tenu compte de ses souffrances. Car il a souffert moralement plus que physiquement de ce long exil».

Les âmes délicates ne sont-elles pas plus sensibles que les autres aux privations du cœur ? Charles d’Angelin avait une de ces âmes : son sacrifice fut donc doublement méritoire, mais aussi nous avons le droit de croire que plus belle en est aujourd’hui la récompense.

 

 

 

en septembre 1916, il participe au combat autour de Cléry (Somme)

 

Cléry-sur-Somme, ruines village
Charles d'Angelin est agent de liaison à la 66e Division d'infanterie, lors de la bataille de la Somme

 

 

 

Charles Helly d'Angelin appartenait au 4e Chasseurs d'Afrique

 

groupe de chasseurs d'Afrique, en Orient
groupe de Chasseurs d'Afrique, probablement à l'armée d'Orient

 

Dragons à cheval dans le Krusa Balkan
dragons français dans le Krusa Balkan, à 60 km au nord de Salonique

 

 

 

Charles Helly d'Angelin a fait campagne à Salonique

 

Salonique, campement français
campement français à Salonique (Grèce)

 

soldat français, région Salonique, 1919
soldat français, région de Salonique, 1918-1919

 

 

 

Charles Helly d'Angelin est mort dans un hôpital de Salonique 

Il n'existe pas de photos de l'hôpital temporaire n° 8, a fortiori de l'hôpital temporaire n° 16 qui était une dépendance du premier. On trouve seulement d'autres images d'établissements hospitaliers à Salonique.

 

Salonique, hôpital Hirsh, temp 14
Salonique, hôpital temporaire n° 14, hôpital Hirsch

 

Salonique, hôpitaux français d'été
hôpitaux français d'été à Salonique

 

localisation hôpitaux à Salonique
localisation des hôpitaux militaires français à Salonique (source)

 

 

 

 

 

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5 juillet 2018

Léo BARRAL

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Léo BARRAL

 

 

BARRAL Léo, fiche MPLF

 

 

Léo Barral est né le 4 décembre 1897 à Crest (Drôme). Il est mort le 29 octobre 1918 à Béthancourt (Ardennes), quelques jours avant la fin de la guerre. Il avait vingt ans (presque vingt-et-un ans...).

Il a quitté le collège Sainte-Marie en juillet 1914.

Léo Barral s'est engagé à titre volontaire pour la durée de la guerre, le 23 juin 1915 à la mairie de Crest (Drôme).

Il est arrivé au 2e régiment d'artillerie lourde le 5 juillet 1915 ; cette unité était basée à Vincennes. Passé au 82e régiment d'artillerie lourde le 16 septembre 1915 puis au 84e régiment d'artillerie lourde le 6 août 1917. Au cours de ces périodes, il a principalement servi comme infirmier régimentaire, avant d'être affecté dans une batterie de mortiers de 220.

Le 2 avril 1918, il est dirigé sur l'école militaire de Fontainebleau pour suivre la formation d'élève-aspirant. Il est nommé aspirant (premier grade d'officier avant celui de sous-lieutenant puis celui de lieutenant) le 25 juillet 1918 et passe à la même date au 106e régiment d'artillerie lourde.

Il est mort au cours d'un bombardement visant sa pièce d'artillerie.

Léo Barral appartenait à la 4e batterie de son régiment.

 

 

fiche matricule de Léo Barral

 

Léo Barral, fiche matricule (1)

Léo Barral, fiche matricule (2)
fiche matricule de Léo Barral, né le 4 décembre 1897

 

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

Léo Barral
de Crest
(d’après les souvenirs d’une mère)

Né à Crest, le 4 décembre 1897, Léo Barral s’engagea, le 23 juin 195, à l’âge de 17 ans et demi, au 2e régiment d’artillerie lourde, à Vincennes.

Inscrit dès la première heure au peloton des élèves-brigadiers, il en suivit les cours jusqu’au moment où une maladie le condamna à un séjour de six semaines à l’hôpital, bientôt suivi d’un congé de convalescence.

Quand il revint à son régiment, l’instruction du peloton était terminée, et il fut alors désigné pour suivre les cours du Caducée, en vue de devenir infirmier régimentaire. À ces nouvelles études il apporta, comme il le faisait toujours, une application ardente et son travail fut couronné de succès. Il obtint le premier rang à l’examen définitif.

Affecté d’abord à un hôpital militaire, il ne tarda guère à manifester le désir de devancer son départ pour le front. Sa demande fut agréée : il partit comme volontaire dans la 4e section de munitions ; on était en mars 1916.

Très mortifié d’avoir été affecté à une section de munitions, où il se considérait encore comme un «embusqué», lui plein de la vigueur des jeunes, il chercha bien vite le moyen d’en sortir et fit trois demandes successives pour aller au feu. En attendant la réponse impatiemment désirée, il avait eu la «chance» à son avis, d’être envoyé à Verdun, pendant que la bataille faisait rage. De sa propre initiative, il accompagnait jusqu’aux lignes le ravitaillement pour prodiguer ses soins à ses camarades : l’honneur lui paraissait grand de pouvoir ainsi se classer parmi les défenseurs d Verdun.

Son régiment, transformé en 82e, fut ensuite envoyé dans la région de Chaulnes, dans la Somme, où il resta environ six mois. Là encore les batailles se succèdent, apportant tour à tour aux combattants comme un flux et reflux d’espoir et de déception !

Enfin Léo est au comble de ses vœux : grâce à l’évacuation d’un infirmier blessé, il obtient d’être affecté à une batterie, la 8e, dont il doit assurer le service avec celui du Poste de secours… Alors, terré avec le major dans ce poste difficile, à six mètres sous terre, il se sent grandir à ses propres yeux. Le cœur du jeune homme s’enthousiasme ! «Combien, écrivait-il à cette époque, combien la vie est plus intéressante et plus honorable ! On se sent un vrai poilu ! Je trouve que ceux qui auront cherché à s’embusquer seront tellement méprisés, après la guerre, que je veux me tenir loin d’eux le plus possible».

Dans une autre lettre, également datée de cette région de la Somme :

  • «J’ai, dit-il, la plus grande confiance en mon Sacré-Cœur que je porte toujours sur moi et qui, sous un violent bombardement, m’a préservé, pendant que du Poste de secours au Poste du commandement j’ai dû faire une course d’une heure !»

Quelques jours plus tard, il écrivait encore :

  • «Ne vous inquiétez pas si vous êtes sans nouvelles de moi ; ça va barder ; mais on fera son devoir jusqu’au bout et l’on montrera que les "gosses" de la classe 17 sont des hommes !» Il avait 18 ans et huit mois !

Comme on aime à surprendre sur les lèvres de ce jeune ces paroles où vibrent tour à tour l’enthousiasme militaire, l’ardeur de la piété, l’exaltation du devoir ! Comme ce langage est bien français ! Il suppose dans le sanctuaire de l’âme les plus admirables réserves de force morale et chrétienne !  Vienne le danger et avec lui la perspective des horizons éternels. Le jaillissement se produit d’instinct. Les paroles sortent ailées, lumineuses, chevaleresques, comme les sentiments.

Au printemps 1917, Léo prit part à la bataille du Chemin des Dames. Et sa mission devint douloureuse à remplir, car les pertes furent nombreuses dans son groupe.

De nouveau on le dirige vers Verdun, cote 304 et Bois d’Avaucourt, en plein mois d’août, au moment de nos revers. Son groupe arrivait comme renfort, pour aider à reconquérir le terrain perdu.

Mais au plus fort de l’action, Léo reçut l’ordre de changer de régiment : ce fut pour lui un nouveau sacrifice ; il se brise toujours quelque chose dans le cœur lorsqu’il faut dire adieu à ses premiers frères d’armes. La communauté du péril n’est-elle point une source naturelle de solides attachements ?

Versé au 284e, qui manœuvrait avec les mortiers de 220 et se trouvait voisin du 82e sur le champ de bataille, Léon continua dans les mêmes sentiments de zèle patriotique ses fonctions d’infirmier régimentaire. Dans ce terrible coin, la mitraille faucha d’innombrables victimes. Le groupe de notre petit soldat fut durement éprouvé. Ses pertes s’élevèrent vite à 35% et de tels chiffres donnent une idée du nombre de tués ou de blessés qu’il fallut assister et soutenir.

À toute la tristesse qu’il éprouva de voir de si près tant de spectacles d’horreur, tant de jeunes si cruellement fauchés à la fleur de l’âge, se joignit l’extrême désagrément de manquer d’eau. Pas une goutte, pour se purifier les mains après les pansements succédant toujours aux pansements ! Pendant douze jours, son groupe en fut entièrement privé. On devine les conséquences. Envahi par la saleté sous toutes ses formes, poursuivi par les gaz, ils durent ensemble s’entasser pêle-mêle, pressés à ne plus pouvoir se tenir debout dans leurs gourbis… Que de souffrances évoquent ces menus détails !

Et cependant que de courage et de ressort moral, lorsqu’on songe que ces hommes oublient en un instant ces heures prolongées de torture, parce que la misère obsédante de la veille est emportée par le rayonnement de la gloire du lendemain. Oui, l’on s’exalte, l’on se félicite, on se sent heureux : le Mort-Homme et la cote 304 sont reconquis. «Vous ne sauriez croire, écrivait alors Léo, quelle satisfaction on éprouve à faire son devoir !»

Après Verdun, ce fut une seconde fois le Chemin des Dames, en octobre 1917, la victoire de la Malmaison, une avancée prodigieuse. Tous ces succès, joints aux précédents, valurent au groupe de Léo une citation des plus élogieuses avec palmes.

À cette époque, malgré l’arrière-saison, une nouvelle offensive se préparait. Léon fut donc dirigé à l’ouest de Saint-Quentin avec toute l’armée que commandait alors le général de Maistre. Mais une tourmente de neige surprit nos combattants dans leurs cagnas ; ils se trouvèrent bloqués, jusqu’au moment où il leur fut permis de gagner l’arrière pour hiverner du côté d’Épernay. On sait combien cet hiver fut rude pour tout le monde. Mais combien fut-il plus terrible encore pour ces soldats parqués, avec 15 à 18° degrés de froid dans de simples baraquements ou dans des maisons dévastées, sans portes ni fenêtres, et quelquefois sans toiture !

Au printemps 1918, Léo est en permission dans sa famille. Les communiqués arrivent alors franchement mauvais. L’ennemi dans un dernier sursaut où il concentre toute son énergie et toutes ses forces, réussit à nous repousser d’une façon inquiétante ; l’alarme est vive dans le pays. Avec son optimisme habituel, le jeune permissionnaire ne sent rien fléchir de son espoir ; aucun découragement dans ses paroles. Il calme toutes les appréhensions. Et au moment du départ, comme toujours, il quitte le foyer paternel sans fléchir, le sourire sur les lèvres…

Quelques jours après, il envoie une lettre avec ces mots significatifs :

  • « Nous partons pour une destination inconnue ; mais nous voyons bien cependant où nous allons. Nous avons confiance tout de même et ferons notre possible pour arrêter cette situation critique».

Ce fut en effet dans la Somme qu’ils allèrent mettre en position leurs terribles mortiers dont le concours était si précieux. Mais Léo n’eut pas le temps de prendre part à cette contre-offensive. Désigné pour suivre les cours d’élève aspirant, il entra à l’École de Fontainebleau, le lundi de Pâques, 2 avril. Ce fut une grande joie pour lui. Il entrevoyait ainsi la perspective d’un grade d’officier. Et comme chef, pensait-il, il servirait encore plus utilement son pays.

Cette période fut donc pour lui une période de travail intense ; d’ailleurs elle le conduisit rapidement au succès.

À la première épreuve il obtint son grade d’aspirant, si ardemment convoité, et fut affecté au 106e régiment d’artillerie hippomobile.

Après sa permission réglementaire, après quelques marches et contre-marches, il eut un moment la satisfaction de penser que son groupe, à titre d’artillerie volante, allait être chargé d’accompagner la cavalerie dans la poursuite des Allemands. Quel beau rêve d’équipée glorieuse ! Mais le rêve ne se réalisa point.

Léon fut envoyé aux positions avec son groupe et dès lors commença pour lui une très rude étape. Les déplacements, toujours effectués en pleine nuit, étaient très fréquents. Le plus souvent on occupait une position que d’une nuit à l’autre, tant l’avance de nos troupes était rapide. Donc pas de cagnas, pas le moindre abri ; on couchait à la belle étoile ; le ravitaillement se faisait mal, l’eau manquait, car sources et puits avaient été empoisonnés par un odieux calcul des ennemis, les marmites pleuvaient dru, fauchant hélas ! de nombreux soldats. Malgré ces souffrances, on sentait l’approche de la victoire et Léo se laissait aller dans ses lettres à un vibrant enthousiasme. Le ton en montait chaque fois, si bien qu’au foyer paternel, on en arrivait à partager sa quiétude. Il semblait définitivement sauvé. N’était-on pas tout près du port… Telle n’était point la volonté de Dieu.

La dernière position de batterie de Léo était Béthancourt, à l’ouest des Ardennes. Arrivés dans la nuit, les artilleurs avaient tiré une partie de la journée. Le village de Sévigny avait été pris et l’on avait attendu une heure avancée pour aller au repos. Une autre batterie devait faire la relève…

Écoutons maintenant le lieutenant de Léo, donnant à sa famille les détails de la fin.

  • «Trois pièces de la batterie étaient parties. La quatrième, celle de Léo, était embourbée, attelée à de mauvais chevaux, elle ne put démarrer. On dut dételer les chevaux et la sortir à bras d’hommes. Léon commandait la manœuvre et s’était mis aux roues pour aider. Il paraissait ému et plus nerveux que de coutume. Une pluie d’obus s’abattit sur la batterie. Personne ne fut touché et personne ne bougea ; une seconde rafale se mit à tomber comme un cyclone. Ordre fut alors donné de se mettre à l’abri.
    Oh ! ironie des mots : cela consistait à s’allonger par terre, à quelques mètres de la pièce, dans des trous de 50 centimètres, creusés le jour même. D’après un conducteur, Léo ne quitta sa pièce qu’après s’être assuré que tout le monde était à l’abri. Alors le bombardement redoubla de fureur et devint infernal. Un tas de gargousses [charges de poudre], voisin du trou où essayaient de s’abriter le commandant de batterie et Léo, explosa et il en jaillit des flammes et des gerbes d’étincelles de plusieurs mètres de hauteur.
    D’après les survivants, jamais ils ne s’étaient trouvés dans un pareil enfer… Il était près de minuit… Léo se soulevant légèrement fut atteint d’un éclat d’obus qui lui brisa la colonne vertébrale ; un autre vint le frapper à la tête et traversa sans doute le front, car ses deux tempes furent atteintes.
    Il eut le courage de prononcer quelques paroles à son compagnon, son commandant de batterie, qui était pour lui un camarade plus qu’un chef. Il lui dit d’une voix ferme et distincte : "Adieu patron, cette fois, j’y suis ; portez mes adieux à ma famille et à mes amis". Et il s’écroula inerte. Il était mort».

La dépouille glorieuse du petit soldat fut laissé sur place jusqu’au lendemain. Ceux qui avaient été épargnés durent gagner l’échelon à pieds, les chevaux ayant été tués pour la plupart, ou s’étant enfuis.

Le lendemain matin, le groupe de Léo fut appelé ailleurs par un ordre de départ et aucun de ses camarades ne put l’escorter à sa dernière demeure. Mais le commandant de batterie qui estimait et aimait notre cher artilleur obtint, non sans instances, que son corps fut ramené en arrière pour être inhumé. À l’attelage qui alla chercher la pièce toujours embourbée et restée sur le champ de bataille on joignit un fourgon pour transporter les restes de celui qui tombait ainsi, douze jours avant l’armistice, à l’âge de vingt ans.

Un groupe de G.B.D. [brancardiers divisionnaires] l’ensevelit pieusement. Comme aucun prêtre ne se trouvait dans les environs, son corps fut confié à la terre, sans l’éclat d’une cérémonie religieuse. Il repose maintenant à la Ferme de Plesnoy, sur la limite est de l’Aisne, à 12 kilomètres du lieu où il est tombé.

Cher Léo ! On éprouve une émotion toute particulière à songer ainsi à la mort de ceux qui achetèrent de leur sang le triomphe si rapproché de leur patrie. Encore une semaine de vie ! Ils auraient ressenti les ivresses de leur victoire. Mais n’est-il point permis d’affirmer que pour les soldats tombés en vrais chrétiens, l’écho des fêtes de la terre a eu son retentissement dans la fête du ciel. Les élus se réjouissent de nos triomphes et de nos gloires. Est-ce que cette espérance n’est pas légitime, lorsqu’on songe au jeune soldat dont la mort rappelle si bien toute la réalité d’un holocauste sauveur ? Il mourait pieusement fidèle aux traditions de son collège, lui qui à chaque permission renouvelait à la Sainte Table toute sa force et toute sa jeunesse.

Il mourait avec le fanion du Sacré-Cœur sur la poitrine, avec son chapelet et ses médailles. Il mourait en gardant religieusement dans son portefeuille la feuille de papier, où il avait tracé la résolution prise à la clôture de sa retraite de Sept-Fons en 1914, à la veille de quitter le collège. Avec de telles assurances, la mort sur le champ de bataille est l’aube de la résurrection.

 

 

Léo Barral a été incorporé au 2e R.A.L. le 5 juillet 1915

Le 2e régiment d'artillerie lourde (R.A.L.) était basé à Vincennes. La chambrée de Léo Barral devait fortement ressembler à celle de la photo ci-dessous.

 

2e RAL, Vincennes, 3 oct 1915 (1)
le 3 octobre 1915, un soldat du 2e R.A.L. envoie la photo de sa chambrée à Vincennes

 

2e RAL, Vincennes, 3 oct 1915 (2)
verso de la photo ci-dessus

 

Vincennes, quartier artillerie
Vincennes, cour du quartier d'artillerie

 

Vincennes, entrée polygone artillerie
Vincennes, entrée du petit polygone d'artillerie

 

 

 

une image de Léo Barral en juillet 1915 ?

J'ai trouvé une carte-photo d'un groupe de jeunes soldats au dépôt du 2e R.A.L. (régiment d'artillerie lourde), datée de juillet 1915. Cela ressemble fort au portrait de jeunes recrues, entourées de leurs deux instructeurs.

Or, c'est précsément le moment où Léo Barral incorpore ce régiment. Il est donc fort possible qu'il figure parmi ces jeunes gens.

 

dépôt du 2e RAL, juillet 1915
dépôt du 2e régiment d'artillerie lourde, juillet 1915

 

En allant plus loin dans l'hypothèse, on pourrait supposer reconnaître Léo Barral compte tenu des caractères signalés sur sa fiche matricule lors de son recensement : cheveux noirs, visage rond, front haut, yeux marrons, nez rectiligne ; de son jeune âge (il a alors 17 ans et demi) ; et des traits de son tempérament évoqués dans la notice du Livre d'or (volontaire, optimiste...).

On peut ainsi conjecturer l'identification suivante : le troisième en partant de la gauche, dans la rangée du haut.

 

hypothèse portrait de Léon Barral, légendé
une hypothèse d'identification de Léo Barral

 

 

 

Léo Barral était affecté à une batterie de mortier de 220 hippomobile

 

mortier de 220, pointage
mortier de 220, pointage (avant 1914)

 

mortier de 220 hippotracté, 1913
mortier de 220 mm hippotracté, vers 1913

 

mortier et obus de 220, Argonne, 1915
mortier et obus de 220 mm, Argonne, 1915

 

mortier de 220, juin 1916
mortier de 220 mm, juin 1916

 

mortier de 220, juin 1917
mortier de 220 mm, juin 1917

 

mortier de 220 au moment du tir
un mortier de 220 mm, au moment du tir

 


 

 

en avril 1918, il entre à l'école d'élève officier à Fontainebleau

 

Fontainebleau, école d'artillerie, entrée
entrée principale de l'école d'artillerie à Fontainebleau (Seine-et-Marne)

 

Fontainebleau, école d'artillerie, les Héronnières
école d'application de l'artillerie, à Fontainebleau (carte écrite en 1909)

 

 

 

en juillet 1918, il appartenait à la 4e batterie du 106e R.A.L.

Une fois son grade d'aspirant (officier) obtenu, Léo Barral fut affecté au 106e régiment d'artillerie lourde (R.A.L.), le 25 juillet 1918. On trouve son nom mentionné dans le J.M.O. de la 3e batterie de ce régiment mais en indiquant qu'il appartient à la 4e batterie. Le J.M.O. de cette batterie n'est pas disponible, ou n'existe pas.

 

JMO 106 RAL, 3e batterie, 11 oct 1918, légendé
extrait du J.M.O. du 106e R.A.L., 3e batterie, à la date du 11 octobre 1918

 

 

 

le 29 octobre 1918, la 3e batterie se trouve dans le même secteur que la 4e

Le récit assez détaillé des derniers instants de Léo Barral, fourni par la notice du Livre d'or, ainsi que les deux fiches militaires indiquent qu'il est mort à Béthancourt, dans le département des Ardennes à la limite de celui de l'Aisne. Une autre batterie (la 3e) que la sienne (la 4e), du même régiment opérait dans ce secteur.

Les événements enregistrés dans la J.M.O. de cette batterie, notamment les 25 et 28 octobre, donnent une idée de ceux qu'a pu vivre Léo Barral en ce dernier mois de guerre en 1918.

 

JMO 106e RAL, 3e batterie, oct 1918 (1)

JMO 106e RAL, 3e batterie, oct 1918 (2)
extrait du J.M.O. de la 3e batterie du 106e R.A.L., octobre 1918

 

Ve armée, fin oct 1918, légendé
fond de carte : Les Armées françaises dans la Grande Guerre (AFGG)

 

Béthancourt sur carte actuelle
les lieux de mort et d'enterrement de Léo Barral

 

 

 

à sa mort en 1918, Léo Barral fut inhumé à la Ferme du Plesnoy (Aisne)

A-t-il été exhumé puis enterré ailleurs ensuite ? On ne le sait pas.

 

canons allemands à la Ferme du Plesnoy, avril 1917
canons allemands à la Ferme du Plesnoy, avril 1917

 

soldats allemands à la Ferme du Plesnoy, avril 1917
soldats allemands à la Ferme du Plesnoy, avril 1917

 

Le Plesnoy, aujourd'hui
Le Plesnoy (Aisne), aujourd'hui

 

 

 

 

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4 juillet 2018

Louis BARTHEZ

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Louis BARTHEZ

 

 

BARTHEZ Louis, fiche MPLF

 

 

Louis Barthez est né le 31 mai 1893 à Mauguio (Hérault). Il est mort le 21 août 1914 au Bois de Vulcain, près de Rorbach-lès-Dieuze (Moselle). Il avait vingt-et-un ans.

Il quitte le collège Sainte-Marie en juillet 1912. Lors de son recensement, il était étudiant en droit.

Il a devancé l'appel en s'engageant volontairement pour trois ans le 27 octobre 1913 à la mairie de Carcassonne, au 80e régiment d'infanterie. Il avait donc neuf mois de vie militaire avant le déclenchement de la guerre.

Louis Barthez a «disparu» lors du combat de Bois Vulcain qui a coûté à son régiment la perte (disparus ou tués) de 112 officiers, 28 sous-officiers et 412 hommes de troupe. Dans le J.M.O. (journal des marches et opérations), il est noté «disparu» le 20 août : il est mort soit ce jour soit le lendemain, date retenue officiellement.

Louis Barthez est inhumé dans la nécropole nationale L'Espérance à Cutting (Moselle), tombe 262.

 

 

fiche matricule de Louis Barthez

 

Louis Barthez, fiche matricule
fiche matricule de Louis Barthez, né le 31 mai 1893

 

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

Louis Barthez
de Carcassonne

Les élèves du Midi et surtout de la région pyrénéenne sont peu nombreux au collège Sainte-Marie. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles on garde plus facilement leur souvenir. Louis Barthez était donc du Midi et de lui, comme de ses compatriotes en général, on pouvait bien dire en toute vérité qu’il avait un caractère méridional. Cette désignation, d’une signification sans doute peu précise, indique du moins l’ardeur des sentiments et la noblesse du cœur.

Louis resta peu de temps au collège et le quitta en juillet 1912, après sa Philosophie.

Sa carrière militaire fut bien courte. Il est un de ceux qui tombèrent, hélas si nombreux, dès la première heure, dans l’entraînement de la marche en avant ou dans la retraite douloureuse de la seconde étape de la guerre.

Il partit donc le 6 août, comme tant d’autres, plein d’entrain et de mâle énergie. Mais, détail très caractéristique, en vrai «chevalier», il avait voulu faire sa veillée d’armes, dans une nuit d’adoration aux pieds de Notre-Seigneur. Ceux qui l’ont vu se préparer ainsi au départ ont été frappés de la transformation, de la maturité subite qui s’était produite dans son caractère. Il semblait qu’en un instant il eût compris toute la gravité des circonstances. Dès lors, c’est avec une pleine maîtrise de lui-même qu’il déclara combien il était décidé à faire simplement, mais fermement tout son devoir de bon soldat. L’insouciance de la veille avait disparu. Il s’était élevé, d’un bond, à la hauteur de ses graves obligations…

Le 20 août 1914, sa compagnie, appuyée par une autre, avait engagé un combat très violent, au Bois Vulcain, près de Rohrbach (1). La rencontre fut très meurtrière, puisque 300 hommes furent atteints sur 500. Louis, avec les premiers de sa section, enleva une tranchée allemande à la baïonnette. Cette course à l’ennemi devait plaire à l’ardeur de son tempérament. On avait d’ailleurs bin manœuvré ; car, dit un rapport, «personne n’échappa à nos coups». Malgré ce succès partiel, ordre fut donné de se retirer en arrière. Mais tous ne revinrent pas. Louis, grièvement blessé, tomba avec l’ambulance entre les mains de l’ennemi et pendant de longs mois fut porté comme disparu. On ne connaît point d’autres détails sur sa mort.

Ce que l’on sait du moins - et quelle consolation pour des âmes profondément chrétiennes - c’est que le cher soldat monta à l’assaut, muni de cette force intime que donne le sacrement de la réconciliation. La lettre suivante, adressée à la famille du vaillant fantassin, raconte en termes émus la scène de la veille de Rohrbach :

  • «Lorsque sonne l’heure d’entrer en ligne, chacun sent la puissance de Celui qui gouverne toute chose. Vous en eussiez été convaincu lorsque, la veille de Rohrbach, je fis venir un prêtre soldat dans le bataillon, devant le front de mes mille hommes : "Nous allons nous battre ! Que ceux qui désirent recevoir l’absolution générale de leurs fautes, se découvrent !" Et tous se mirent à genoux. J’ai vu des larmes dans tous les yeux. Avant de quitter le Bois Vulcain, une dernière bénédiction a été donnée d’une façon générale à tous ceux que nous devions abandonner. Ceux qui croient et espèrent me comprendront et me diront merci».

1 - En fait, il s'agit de Rorbach-lès-Dieuze, à ne pas confondre avec Rohrbach-lès-Bitche.

 

 

le combat du 20 août 1914

 

JMO 80e RI, 20 août 1914 (1)

JMO 80e RI, 20 août 1914 (2)
J.M.O. du 80e R.I., 20 août 1914

 

Bois Vulcain, carte 20 août 1914, légendé
fond de carte : Les armées françaises dans la Grande Guerre (AFGG)

 

entre Rorbach et Cutting
le Bois Vulcain sur une carte actuelle

 

Bois Vulcain sur Géoportail
le Bois Vulcain sur Géoportail

 

Bois Vulcain, aujourd'hui
le Bois Vulcain, aujourd'hui

 

 

 

parmi les morts du 20 août 1914...

 

JMO 80e RI, pertes 20 août 1914 (1)

JMO 80e RI, pertes 20 août 1914 (Barthez)
extrait de l'état des pertes du 20 août 1914, J.M.O. du 80e R.I. :
Barthez est orthographié Barthés

 

 

 

Louis Barthez est inhumé dans la nécropole de Cutting (Moselle)

 

cimetière militaire de Cutting
cimetière militaire de Cutting (Moselle), années 1920

 

nécropole nationale de Cutting (1)
nécropole nationale de Cutting (Moselle)

 

nécropole nationale de Cutting (2)
nécropole nationale de Cutting (Moselle)

 

nécropole nationale de Cutting (3)
nécropole nationale de Cutting (Moselle)

 

 

 

 

 

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3 juillet 2018

Jacques BEAUREGARD

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Jacques BEAUREGARD

 

 

BEAUREGARD Jacques, fiche MPLF

 

Jacques Beauregard est né le 31 août 1883 à Charentay (Rhône). Il est mort le 17 octobre 1918 à l'hôpital militaire Dominique Larrey (et non : Labrey) à Versailles.

Le T.M. 546 était une section du Service automobile, installée à Versailles.

Jacques Beauregard s'était marié le 2 février 1918, à Lyon 6e, avec Marie Louise Françoise Amie.

 

 

acte de naissance de Jacques Beauregard

 

acte naissance Jacques Beauregard, 1883
acte de naissance de Jacques Beauregard, 1883

 

 

acte de mariage de Jacques Beauregard 

 

acte mariage Jacques Beauregard, 2 février 1918
acte de naissance de Jacques Beauregard, 2 février 1918

 

 

 

fiche matricule de Jacques Beauregard

 

Jacques Beauregard, fiche matricule (1)

Jacques Beauregard, fiche matricule (2)
fiche matricule de Jacques Beauregard, né le 31 août 1883

 

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

Jacques Beauregard

Engagé volontaire, le 5 août 1914, Jacques Beauregard a fait 50 mois de front dans le service automobile. Convoi auto T.H. 546 (1).

Décédé à l’hôpital Dominique-Carry, à Versailles, le 17 octobre [1918], à la suite de la grippe. Il avait 35 ans.

1 - Ce sigle T.H. est une erreur d'écriture. Il s'agit plutôt de T.M. (Transport de Matériel). Voir Les camions de la victoire, de Paul Heuzé).

 

 

Jacques Beauregard est mort à l'hôpital militaire de Versailles

 

Versailles, hôpital militaire avant la guerre
hôpital militaire de Versailles, avant la guerre

 

Versailles, hôpital militaire, salle Bégin
hôpital militaire de Versailles, peu avant la guerre

 

Versailles, hôpital militaire, salle Larrey
hôpital militaire de Versailles, peu avant la guerre

 

 

 

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