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école Sainte-Marie à Saint-Chamond

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3 août 2018

Louis NOYE

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Louis NOYE

 

 

NOYE Louis, fiche MPLF

 

Louis Noye est né le 28 avril 1888 à Saint-Étienne. Il est mort le 25 août 1914 à Baccarat (Meurthe-et-Moselle).

Il était le frère aîné d'Henri Noye, mort le 11 octobre 1916.

  • Le même jour, au même endroit, est mort Jules Chomienne, du même régiment que Louis Noye.

 

fiche matricule de Louis Noye

 

NOYE Louis, fiche matricule
fiche matricule de Louis Noye, né le 25 avril 1888

 

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

Louis Noye
de Saint-Étienne

Que de dévouements l’histoire de la guerre devra laisser dans l’ombre, éternellement inconnus ! N’est-ce point à cette pensée qu’on s’arrête de suite lorsqu’on songe à Louis Noye. Il est mort sans qu’on sache aucun détail caractéristique sur sa vie militaire, sur ses derniers moments ; et cependant l’intrépidité d’une nature, riche en ressources, permet d’affirmer qu’il n’a pas dû se conduire d’une façon vulgaire.

Il était donc sergent au 38e de ligne à l’époque de la retraite de Sarrebourg, où il se battit avec courage. C’est dans un combat à la baïonnette, à Baccarat, le 25 août, qu’il a été tué tout près d’un bois. À la baïonnette ! Aux cris de «En avant !» Rien n’est plus français que l’attitude du fantassin, telle que nous la reconstituons, en traçant ces quelques mots. Ils s’appliquent si bien au cher disparu !

Sergent français, mort dans un assaut à la baïonnette : aucune épitaphe ne pouvait mieux convenir à Louis Noye !

 

 

Louis Noye est mort au bois de la Rappe, à Baccarat

 

Baccarat, bois de la Rappe, carte légendée
Bois de la Rappe, à Baccarat (Meurthe-et-Moselle)

 

Baccarat, tombes bois Petite Rappe (1)
tombes de soldats, bois de la Petite Rappe, Baccarat

 

Baccarat, tombes bois Petite Rappe (2)
tombes de soldats, bois de la Petite Rappe, Baccarat

 

Baccarat, tombes bois Petite Rappe (3)
tombes de soldats, bois de la Petite Rappe, Baccarat

 

 

 

le monument aux morts au bois de la Rappe

 

Bois de la Rappe, monument (1)
le monument de la Rappe à Baccarat (source)

 

Bois de la Rappe, monument (2)
le monument de la Rappe à Baccarat (source)

 

 

 

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2 août 2018

Pierre PATISSIER

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

Pierre Patissier, portrait

 

 

Pierre PATISSIER

 

 

PATISSIER Pierre, fiche MPLF

 

Pierre Patissier est né le 18 décembre 1876 à Saint-Chamond. Il est mort le 14 septembre 1917 à La Caillette (Meuse). Il avait quarante ans.

Il était prêtre et abbé.

Bibliographie :

  • «Nos prêtres au devoir : l'abbé Pierre Patissier, vicaire à la Primatiale, brigadier-aumônier au 46e d'artillerie», Semaine religieuse du diocèse de Lyon, 30 novembre 1917, p. 343-348. [en ligne]
  • abbé Étienne Bornet, L'abbé Pierre Patissier, Montbrison, impr. E. Brassart, 1919.

 

 

fiche matricule de Pierre Patissier

PATISSIER Pierre, fiche matricule (1)

PATISSIER Pierre, fiche matricule (2)
fiche matricule de Pierre Patissier, né le 18 décembre 1876

 

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

Pierre Patissier
de Saint-Chamond
(1876-1917)

La délicatesse est une qualité rare. Mais c’est une vertu si aimable qu’il suffit d’avoir découvert une âme délicate pour sentir tout ce qui manque aux autres.

Une intelligence vive, primesautière, fine ; un cœur charmant, modeste, généreux, je ne sais quoi de jeune et d’exquis, avec une pointe de malice, où il n’y avait aucune méchanceté, bref, une âme délicate, tel s’épanouit le souvenir de l’abbé Pierre Patissier, dans la mémoire de ses amis.

 

I - La famille

Pierre Patissier est né à Saint-Chamond le 18 décembre 1876. Il était le cinquième de sept enfants. Son père était dans les affaires. Il ne quitta pas sa ville natale et fréquenta successivement, près de la maison paternelle, l’école des Frères, puis l’école Cléricale, puis le collège des Pères maristes. Il fit sa première communion en l’église Notre-Dame, le 11 mars 1888.

Il fut un élève moyen, bien doué, ni fort en thème, ni paresseux, et assez détaché de lui-même pour n’avoir pas l’ambition de briller au premier rang. Cependant il faisait des progrès et il subit avec avantage, entre seize et dix-huit ans, les épreuves des deux parties du baccalauréat.

C’est d’abord au milieu des siens qu’il faut le replacer pour saisir dans son vrai jour son caractère. À la maison, il mit constamment «du ciel dans les âmes». L’entrain et la joie rayonnaient de sa personne. Mais il était gai d’ordinaire sans exubérance, avec finesse et simplicité.

Donc, au milieu des siens, il sut être le meilleur des fils et le plus charmant des frères.

Depuis l’âge de raison, au dire des témoins quotidiens de sa vie, il a toujours entouré son père et sa mère d’une vénération profonde, d’une sollicitude empressée, d’attentions et de prévenances continuelles.

On n’a pas oublié, dans sa famille, ces scènes touchantes d’intimité, qui se renouvelaient souvent et qui se nuançaient, avec l’âge, de plus de délicatesse et de savoir-faire.

C’était à Saint-Chamond, après le déjeuner de midi, auquel il participait toutes les fois qu’il le pouvait, durant son vicariat dans la paroisse voisine de l’Horme. Sa mère déjà souffrante, allait se reposer sur sa chaise longue. Dès qu’il l’entendait tousser, l’abbé accourait avec ses sœurs. Alors, accoudé près de la vénérable malade, il lui prenait la main dans la sienne et, pour la distraire, se mettait à lui raconter «tous les menus faits de sa vie, ses joies, son travail, ses petits ennuis, dont il ne relevait que les bons côtés» et dont il excellait à tirer des anecdotes amusantes. Puis quand il avait fini, il disait son habituel : «Voilà, petite mère chérie !», l’accompagnait d’un baiser affectueux, taquinait aimablement en passant l’une de ses sœurs et retournait à ses affaires, laissant un rayon de joie derrière lui.

D’autres fois, c’était à la maison de campagne du Colombier, d’où l’on voyait le Mont Pilat. Sachant comme son père aimait son jardin, il proposait spontanément un tour de clos. Et «il admirait chaque fleur, s’intéressait à chaque plante, à chaque arbre, à chaque nid de petit oiseau…» Sans doute, sa riche nature le portait à cette manière de sympathie universelle ; mais c’était surtout sa tendresse filiale qui s’épanchait.

Hélas ! la mort qui avait déjà privé le cher abbé de la tendresse et de l’appui de sa mère, si justement vénérée, vint en décembre 1915, lui porter un nouveau coup et marquer la fin, sur terre, de ce cher foyer où l’harmonie et l’affection mutuelle n’avaient jamais cessé de régner. M. Patissier mourut le 27 décembre ; il avait près de 80 ans.

Dès lors, pour resserrer les liens qui subsistaient, tous les regards se retournèrent d’instinct vers l’abbé Pierre. À partir de ce moment, bien qu’il ne fût pas l’aîné, c’est lui devint, parmi les siens, le personnage principal.

Aussi, désormais, c’est un chassé-croisé continuel de lettres qui lui apportent des nouvelles, des confidences, échos des joies et des peines de chacun, et qui remportent des traits charmants ou héroïques, des encouragements, des consolations.

Il avait un don de sympathie inimaginable. Les émotions et les sentiments des autres faisaient écho dans son âme avec la même intensité que s’il les eût lui-même éprouvées.

Il exprimait donc la plus entière réalité, quand il écrivait à l’une de ses sœurs les lignes suivantes :

  • «Je crains ce que tu crains, je désire ce que tu désires, et je demande à Diu de faire cesser tes craintes et de réaliser tes espérances !»

Dès lors, comme on comprend bien ce témoignage rendu à sa délicatesse :

  • «Gaieté, oubli de soi pour penser aux autres, tout en lui est un charme. Aucun trait saillant, mais un tissu d’attentions de toutes sortes pour tous. Ses visites étaient des heures exquises, un bonheur, une joie…»

Faut-il ajouter que dans sa famille il avait une prédilection pour les petits ? «L’oncle abbé» avait le secret de se faire aimer. C’est qu’il les aime profondément ces petits ! Il les amuse, il les gâte même, au bon sens du mot. Ce qui ne l’empêche pas de gronder quelquefois et de distribuer d’excellents conseils pour corriger les défauts. En un mot, il sait se faire tout à tous, et possède à un degré supérieur cet art exquis d’attirer à lui par une bonté, une douceur à laquelle nul n’est tenté de résister.

 

Pierre Patissier, portrait
Pierre Patissier, prêtre (1876-1917)

 

II - Le sacerdoce

Que dire maintenant de sa vie sacerdotale ? Elle ne fut que l’accroissement divin, l’élargissement surnaturel de sa vie de famille.

L’idée de sa vocation lui vint sans doute de très bonne heure. Il est encore tout jeune qu’il traduit son amour de l’idéal et de la beauté sous une forme vraiment caractéristique :

  • «Mon Dieu, disait-il chaque soir à la fin de sa prière, faites que je devienne un bon prêtre, un bon peintre et un bon musicien…»

Reconnaissons avec lui que le Bon Dieu s’est contenté d’exaucer la première de ses aspirations : «Je l’en remercie infiniment», disait-il en accompagnant cette réflexion de son bon sourire.

Au moment de quitter le collège, encouragé par son père, il eut quelque velléité de préparer les examens d’entrée à l’École Polytechnique. Mais au cours d’une retraite de fin d’études qu’il fit dans la région lyonnaise, les derniers jours du mois de juin 1894, l’appel divin se précisa.

  • «Seigneur, écrit-il dans son carnet de notes, vous m’appelez à lutter contre vos ennemis et les miens… La raison me l’ordonne sous peine de trahir Jésus-Christ et de me damner. Mais le cœur me dit encore de suivre de plus près l’exemple de Jésus-Christ… Jésus, faites-moi la grâce de suivre toujours la voix de la raison. Je veux suivre aussi la voix du cœur, et, si c’est votre désir, je suis prêt à quitter entièrement le monde».

Trois mois après, Pierre Patissier entrait au séminaire d’Issy. Quelle idée se faisait-il du prêtre dans la toute première ferveur de sa vie cléricale ? D’après les notes de son carnet de retraites, ce qui le préoccupe surtout c’est la nécessité d’être prêt désormais à souffrir pour Jésus-Christ :

  • «Cela me coûte, donc je le ferai. La vie du prêtre est une guerre continuelle… La vie du prêtre, c’est le renoncement aux choses du monde, aux convoitises de l’argent, aux mouvements de l’orgueil et de la vanité…»

Il reçut la tonsure, le 29 mai 1896. «Je veux être un saint ou n’être jamais prêtre», écrivait-il à cette occasion.

Et encore en précisant :

  • «La vie du prêtre, c’est la charité fraternelle dans ce qu’elle a de plus sublime : don de nous-mêmes et de nos cœurs, don de la fortune, don de Dieu lui-même, de ce Jésus, notre seule richesse et notre seul amour».

Les mêmes pensées se retrouvent dans son carnet, à chaque ascension nouvelle, et quand il se prépare aux ordres mineurs en juin 1897, et quand il reçoit le sous-diaconat et le diaconat en 1899, et lorsque enfin il arrive au sacerdoce. La prêtrise lui est conférée à la Primatiale Saint-Jean de Lyon, le 9 juin 1900. Désormais, il va jouir abondamment de la douceur de donner. Et cela convenait particulièrement à la tournure de son caractère. N’avait-il pas écrit un jour :

  • «Que ma devise soit : Générosité - générosité dans le sacrifice et générosité dans l’amour».

Désormais, l’abbé Patissier pouvait inaugurer sa carrière ecclésiastique. Il allait montrer ce que peut un très bon ouvrier entre les mains de Dieu.

Il fut successivement vicaire à Saint-Alban-les-Eaux (1900-1902), à l’Horme (1902-1907), à Notre-Dame de Montbrison (1907-1911), et enfin à la Primatiale Saint-Jean de Lyon (1911-1915).

 

Saint-Alban-les-Eaux, l'église
église de Saint-Alban-les-Eaux (Loire) : Pierre Patissier y a servi de 1900 à 1902

 

L'Horme, l'église (1)
église de l'Horme : Pierre Patissier y a servi de 1902 à 1907

 

L'Horme, l'église (2)
église de l'Horme : Pierre Patissier y a servi de 1902 à 1907

 

Montbrison, église Notre-Dame
église Notre-Dame de Montbrison : Pierre Patissier y a servi de 1907 à 1911

 

L’un des premiers ministères du prêtre, c’est de s’occuper de la jeunesse. À l’exemple de tous les vrais disciples de Jésus-Christ, l’abbé Patissier eut une très grande prédilection pour les enfants. Il les connaissait bien, il avait toujours vécu au milieu d’eux, il s’était toujours occupé d’eux.

  • «Le patronage des garçons qui lui avait été confié, écrit son premier curé de Saint-Alban-les-Eaux, devint prospère sous sa direction… Il avait d’autant plus de mérite à se dépenser ainsi que sa santé, à cette époque, était chancelante. Néanmoins, jamais il ne s’est plaint d’avoir trop de travail ; il le faisait toujours bien gentiment et avec le sourire sur les lèvres».

D’ailleurs, sans se consacrer à une tâche exclusive, il savait répondre à tous les devoirs qui sollicitaient son attention et son zèle.

Il se donnait à ses malades et les visitait non pas en fonctionnaire ecclésiastique, mais ne véritable ami surnaturel. Son assistance discrète, aimable, allait au devant de tous les besoins, et les secours matériels précédaient, s’il le fallait, les secours religieux.

Il se donnait aux humbles qui cherchaient la vérité :

  • «Alors même que nous ne devrions sauver qu’une âme pendant tout notre ministère - écrivait-il à vingt ans - ce serait suffisant pour soutenir nos efforts et nous encourager à marcher toujours sans défaillance dans la voie du sacrifice et de la vertu.»

Pour mettre en pratique cette pensée, il ne craignait pas de consacrer ses veilles à l’évangélisation individuelle des ignorants, quand ils avaient de la bonne volonté.

Il se donnait à ses auditeurs de la messe paroissiale et à ses auditrices du catéchisme de persévérance. Ceux qui ont tâté de la parole publique ou de l’enseignement savent qu’il ne suffit ni d’avoir de la facilité, ni d’avoir des diplômes pour parler avec fruit. Aussi l’abbé Patissier se condamna, pour remplir ce ministère, à un travail sans défaillance. Ce labeur fut d’ailleurs récompensé. On l’écoutait avec plaisir et l’on goûtait chez lui la netteté de l’exposition, la simplicité du style, l’ordre et la vie de la pensée.

Il se donnait enfin à tout venant. Il avait le don d’attirer la sympathie, parce qu’il savait être l’homme des autres dans la mesure même où il était l’homme de Dieu, et il se faisait «tout à tous» parce qu’il était tout entier à Jésus-Christ.

 

abbé Pierre Patissier
l'abbé Pierre Patissier, 1876-1917

 

On comprend dès lors que dans tous les postes où il a passé, il a laissé des regrets unanimes. Et son âme sensible a senti, elle aussi, la triste mélancolie des changements.

Saint-Alban avait eu les prémices de son sacerdoce. Quand il reçut sa nomination de vicaire à la paroisse plus importante et plus ouvrière de l’Horme, bien que celle-ci fût toute voisine de Saint-Chamond, où habitaient ses parents, il éprouva un véritable chagrin. Ceux qui furent ses confidents, quand on le transféra plus tard de Notre-Dame de Montbrison à Saint-Jean de Lyon, savent aussi que le sacrifice fut pénible comme la première fois.

Ainsi donc, le cher abbé Patissier réalisait pleinement cette pensée écrite au temps de sa jeunesse cléricale :

  • «Le prêtre n’est pas fait pour soi, mais pour les autres. Les vertus vraiment sacerdotales sont donc l’esprit de sacrifice et de charité».

Mais ce fut la guerre qui révéla tout la mesure de sa foi, de son énergie et de son dévouement. Humblement commencée dans sa famille, accélérée par l’exercice de sa vocation, son ascension vers l’idéal s’est achevée dans l’héroïsme.

 

III - La guerre

C’est au fond de la Savoie, dans un petit village, que le surprit le tocsin de la mobilisation.

Rentré à Lyon, il se remit au ministère paroissial avec son dévouement habituel. D’une santé délicate à vingt ans, il avait été exempté du service militaire. La guerre le trouvait dans cette situation. Ce fut pour lui vraiment une grosse épreuve. Il avait peine à se contenir. Il désirait ardemment jouer son rôle en pleine lutte. Il avait soif de donner l’exemple dans les actions les plus pénibles et dans les endroits les plus périlleux. Toutefois il ne hâta point son heure. Il écrira plus tard : «Tâchons de faire notre devoir le mieux possible, là où la Providence nous a placés». Il accepta ce programme dès le commencement, en refrénant ses impatiences et en continuant d’être simplement l’excellent vicaire qu’il avait toujours été.

Vint la première révision des réformés. Le 30 novembre 1914, il fut déclaré «bon pour le service armé». Il en éprouva une sorte de fierté et soulagement. Enfin il allait avoir sa part des grands sacrifices et des grandes privations ; il serait un peu plus «le sel de la terre», et «la lumière sur le chandelier». C’était tellement ce qu’il voulait qu’un an après, quand il aura déjà beaucoup souffert et passé par le creuset de Verdun, il fera tout ingénument cet aveu :

  • «Je n’ai jamais reculé devant le travail. Je m’efforce d’être gai… Je suis heureux de faire mon devoir et tout mon devoir».

Comme tant d’autres, il fut d’abord infirmier militaire : le 9 février 1915, il arrivait au dépôt de la 13e section d’infirmiers à Clermont-Ferrand. Il quitta, paraît-il, ce jour-là, sa soutane avec une véritable et profonde émotion. En la laissant, il soupira : «Quand la reprendrai-je ?», comme s’il avait eu le pressentiment d’un adieu définitif. En tout cas, il aurait pu se rendre le témoignage d’avoir parfaitement réalisé le souhait formulé par sa mère, quand il avait été question de la revêtir pour la première fois, en 1895 : «Nul ne sera plus heureux que moi de ta la voir ; mais quand tu l’auras, que ce soit pour la porter toujours, et toujours dignement».

 

13e corps d'Armée, Clermont-Ferrand
Pierre Patissier arrive au dépôt de la 13e section d’infirmiers à Clermont-Ferrand en février 1915

 

Il a trente-huit ans, il n’a jamais été l’hôte d’une caserne, et il n’envisage, dans cette nouvelle situation, qu’un moyen de dépenser plus largement, au service de ses compatriotes, les trésors de charité et de bonté qu’il tient de son éducation familiale et de son sacerdoce, et qui lui paraissent, plus que jamais, dans la crise, toute sa raison d’être.

Enfin son tour de partir pour le front arrive le 25 mars 1915. Il est d’abord envoyé à Troyes, à la réserve du personnel sanitaire de la 4e Armée ; puis, de là, le 16 avril, à l’hôpital d’évacuation d’Arcis-sur-Aube, et enfin en mars 1916, il monte à Verdun.

 

Arcis-sur-Aube, école transformée en hôpital (1)
Arcis-sur-Aube, école transformée en hôpital d'évacuation :
Pierre Patissier y a servi d'avril 1915 à mars 1916

 

Arcis-sur-Aube, école transformée en hôpital (2)
Arcis-sur-Aube, école transformée en hôpital d'évacuation :
Pierre Patissier y a servi d'avril 1915 à mars 1916


Sa belle sérénité ne l’abandonne pas.

  • «Nous voilà partis ! Hier, première étape de vingt-cinq kilomètres. Comme dit la chanson : Les godillots sont lourds dans le sac. Où allons-nous ? Je l’ignore… Pas au pays où fleurit l’oranger, plutôt à celui où poussent les grenades. Mais tout va bien. Ne vous en faites pas plus que moi et priez un peu pour les petits soldats de France».

Il eut alors à passer quelques journées horribles dont il allait voir l’épouvante se renouveler, pour lui, bien des fois au cours de la dernière année de sa vie. Quel fut, au milieu de cette fournaise, son principal soutien ? C’est un secret qu’il ne faut demander qu’à lui-même.

Aussi bien, l’a-t-il révélé avec une grâce charmante, dans une lettre qui est peut-être la plus exquise qu’il ait écrite au cours de la guerre. Elle est datée du jour même - 18 mars - de son arrivée à Esnes, ce «pauvre et malheureux village» de la région du Mort-Homme, «qui reçoit en moyenne cinq cents obus par jour», et il s’adresse à l’un de ses confrères d Saint-Jean :

  • «Je viens de passer un traité avec le Bon Dieu. Toutes les fois qu’une marmite me force à faire la génuflexion ou, plus souvent, la prostration, je le prie de considérer mon geste comme un acte d’adoration et, de fait, mentalement ma pensée s’élève jusqu’à lui. Les distractions, il est vrai, arrivent vite, avec l’éclatement de l’obus et le bourdonnement des petites abeilles coupantes qui voltigent autour de vous. N’empêche que c’est un bon exercice spirituel (heureusement pas à la portée de tout le monde) ! Et si jamais une de ces marmites devait me frapper, je mourrais dans cet acte d’adoration. J’espère bien que, dans ce cas, le Bon Dieu me permettra de le continuer immédiatement dans le ciel».

Si quelque compilateur réunit un jour les documents qui font la Légende Dorée de la guerre, n’est-il pas vrai que cette pièce pourrait orner l’une des plus jolies pages de son livre ?

Il manquait pourtant quelque chose à l’abbé Patissier pour être pleinement lui-même. Simple infirmier militaire, l’exercice de son ministère lui était mesuré. Il eut une année pour montrer ce que peut un soldat-prêtre. Il allait faire voir désormais ce que peut un prêtre-soldat.

En effet, dans le temps même de son premier séjour à Verdun, des démarches furent entreprises pour obtenir sa mutation, en qualité d’aumônier brancardier, au 46e régiment d’artillerie de campagne, et, le 20 avril 1916, il recevait l’ordre de rejoindre son nouveau poste.

 

Pierre Patissier, sous l'uniforme
Pierre Patissier, sous l'uniforme, avec sa médaile (Croix de guerre),
sa croix d'aumônier et son brassard de brancardier (1917 ?)

 

Quelle idée devait-il se faire de ses nouvelles responsabilités. Il l’exprime nettement dans une lettre intime. «Il me faudra à force de tact, de doigté, de dévouement surtout, arriver à me faire ma place, à conquérir l’ascendant sur les hommes et les officiers, qui pourront rendre mon ministère utile à la sainte Église, et aux âmes à moi confiées. Un moyen excellent sera de me porter toujours aux endroits les plus exposés».

Qu’il ait pleinement réussi à s’imposer au respect et à la confiance de tous, les témoignages sont unanimes à le reconnaître.

Il y a d’abord l’humble hommage de ses plus modestes frères d’armes :

  • «Il n’y avait que cinq ou six jours que notre cher abbé était parmi nous, et il avait déjà, en si peu de temps, acquis la sympathie de tous ; en remontant aux positions, quelques temps après, nous étions tous heureux d’avoir comme compagnon un ami aussi dévoué et bon» (lettre du brigadier N… du 27 septembre 1917).

Les lettres d’officiers et de chefs supérieurs viennent renchérir encore sur ces témoignages.

  • «Vous trouverez surprenant, écrit son médecin-chef, que je pense si souvent à notre pauvre abbé. Si vous m connaissiez, vous comprendriez… Seul, parmi beaucoup, l’abbé Patissier restera dans mon cœur et dans mon esprit, comme le modèle du catholique sincère, du prêtre ayant fait tous les sacrifices… Je le vis vivre et je le vis souffrir, et je le vis heureux de partager sincèrement et absolument les misères atroces de ceux dont il «était l’ami… Il se portait vers les blessés avec mieux que du courage : de l’amour».

C’est ainsi qu’il gagna sa première citation, le 24 mai 1916, en allant chercher, sous une pluie d’obus, un blessé qui fut tué par un projectile, sur le brancard que l’abbé portait.

Il eut donc, tous ces témoignages le prouvent, une influence extraordinaire sur son entourage immédiat.

Mais on devine aussi que sa foi robuste, son esprit surnaturel, toujours en éveil, furent en même temps le principe et la fin de son courage, de son zèle et de son dévouement. Il était facile de s’en rendre compte autour de lui.

  • «À côté de ses qualités de courage et de dévouement, dit un témoin qui l’a vu à l’œuvre au 46e d’Artillerie, quelle largeur d’esprit était la sienne ! J’ai quelquefois assisté à des discussions passionnées, toujours très amicales, qu’il avait sur les questions religieuses, avec un lieutenant de la batterie. Leurs idées étaient généralement très différentes, mais leurs opinions opposées ne les empêchaient pas d’être tous les deux d’excellents amis».

Ainsi passait-il partout en faisant le bien, avec cette modestie et cette simplicité qui furent toujours l’un des charmes de sa physionomie sacerdotale. C’est pourquoi tous ceux qui le connurent s’attachèrent si fortement à lui ! Et les cœurs qui l’aimèrent le plus n’eurent pas toujours le loisir de le témoigner. Combien sont morts entre ses bras, consolés et réconciliés avec Dieu, au cours de ces randonnées nocturnes, qu’il accomplit parfois sous d’effroyables bombardements et qu’il appelait joliment, par amour du contraste, ses «promenades sentimentales au clair de lune».

Une promenade de ce genre, accomplie en plein jour, il est vrai, finit par lui coûter la vie. Mais il était prêt depuis longtemps au suprême sacrifice. Il n’avait jamais placé toutes ses espérances ici-bas. La formidable épreuve humaine où il était jeté, la guerre, dont il connut en détail toutes les horreurs, les servitudes et les dégoûts, et dont il a pressenti les navrantes conséquences - que la victoire elle-même, hélas ! n’arrêtera pas - était bien faite pour achever de le convaincre que les doux, les pacifiques et les purs, «ceux qui ont faim et soif de la justice», n’ont leur véritable et définitive demeure que «dans le royaume des cieux».

On n’a pas oublié le joli pacte d’abandon qui marqua son arrivée dans le secteur de Verdun : «Je viens de passer un traité avec le Bon Dieu…» Le «traité» dura jusqu’au 14 septembre 1917. À cette date, un vendredi, en la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, presque vers trois heures de l’après-midi, «dans ce coin de terre que, dans toute la France, on a appelé un enfer», il fut frappé mortellement en secourant un blessé.

C’était au ravin de la Caillette, sur la rive droite de la Meuse. Une fois de plus, son groupe était soumis à un terrible bombardement. Un des brigadiers téléphonistes, posant une ligne, fut atteint par un éclat, et transporté au poste de secours. Là «comme toujours», l’abbé avait secondé le major, l’«aidant à faire le pansement et à injecter le sérum». Puis, tandis que celui-ci remettait ses instruments en place, il avait tenu à porter lui-même, avec trois hommes, le brancard sur lequel reposait le blessé. Il fallait faire cent mètres environ pour atteindre l’auto qui devait l’emporter.

  • «Par quel concours de circonstances, ajoute le médecin qui avait présidé à l’opération, l’abbé ne revint-il pas à mon poste et, le dépassant, pourquoi voulut-il aller au poste du commandant ? Je l’ignore. C’est entre mon poste de secours et celui du commandant, tous deux distants de cinquante mètres, que notre cher ami fut frappé. Je fus averti cinq minutes plus tard et je me précipitai vers le poste. Mon pauvre ami avait été frappé à la tête, avec une fracture de la base certaine : le coma avec la mort fatale dans quelques minutes. J’essayai de l’appeler ; tout fut inutile. Je fis immédiatement appeler l’abbé Ravabelle, aumônier au 268e d’Artillerie, qui eut le temps de venir lui administrer l’extrême-onction. Au bout de dix minutes, sans souffrance apparente, les yeux fermés, il rendit le dernier soupir. Je pris alors sa croix d’aumônier, ses papiers, sa montre, tout ce qu’il avait sur lui, pour que tous ces souvenirs fussent remis à sa famille ; je mis son chapelet et sa médaille d’identité autour de son cou, je lavai sa tête et sa figure intacte, je croisai ses mains et je récitai un De profundis».

Ici, il convient de laisser la parole à un nouveau témoin, le médecin-chef du poste lui-même.

  • «Je dormais à l’échelon dans un gourbi que je partageais avec le vétérinaire et notre bon ami N. Le maréchal-des-logis D. nous réveille en sursaut : - Je redescends le corps de M. Patissier. Nous étions assommés ! Et j’ai sangloté comme si un immense malheur m’arrivait à moi qui ne lui étais rien. L’abbé de Montalban a fait avec nous pour les funérailles tout ce qu’il fallait. Il était très ému. Le corps de l’abbé fut suivi par une foule de non catholiques et même par des anticléricaux qui avaient à cœur de lui témoigner leur affection, leur respect, leur admiration et leur reconnaissance à celui qui avait su donner tous les exemples, accepter toutes les misères, souffrir toutes les douleurs, cela sans affectation, sans arrière-pensée, parce qu’il était un noble prêtre».

Sous la date du 26 mai 1896, à vingt ans, dans un petit carnet de notes intimes, Pierre Patissier avait inscrit la pensée que voici :

  • «Ô mon Dieu, accordez-moi le genre de mort qui seul convient au genre de vie auquel vous m’avez appelé, la mort par le martyre ; que je sois appelé à répandre en une fois tout mon sang pour la défense de votre saint nom, ou bien encore que je vous donne ma vie goutte à goutte, dans les fatigues et les douleurs de l’apostolat !»

Il a commencé par les «fatigues et les douleurs de l’apostolat», il a donné d’abord sa vie «goutte à goutte». Et puis, il a fait la mort qu’il avait rêvée.

 

 

l'abbé Pierre Patissier est mort au ravin de la Caillette (Verdun)

 

Diapositive1
Pierre Patissier est mort au ravin de la Caillette, au nord-est de Verdun

 

ravin de la Caillette, photo 1917
ravin de la Caillette (Verdun), photo, 1917

 

ravin de la Caillette, photo
ravin de la Caillette (Verdun), photo

 

Historique du 46e RAC
Historique du 46e R.A.C., extrait de la liste des morts

 

L'Action française, 15 octobre 1917
la mort de Pierre Patissier est annoncée dans L'Action française du 15 octobre 1917

 

 

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31 juillet 2018

Pierre PAUCHON

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Pierre PAUCHON

 

 

PAUCHON Pierre, fiche MPLF

 

 

Pierre Pauchon est né le 6 janvier 1894 à Saint-Julien-Molhesabate (Haute-Loire). Il est mort le 2 mars 1915 à Sillery (Marne). Il avait vingt-et-un ans.

Sa fiche MPLF (mort pour la France) note qu'il appartenait au 8e régiment de Zouaves, mais selon sa fiche matricule Pierre Pauchon était du 3e régiment de Zouaves ; ce que confirme la liste des tués fournie par ce dernier régiment dans son Historique.

Le J.M.O. du 3e Zouaves n'existe pas pour la période antérieure à mai 1915. Il est donc difficile de savoir dans quelles circonstances Pierre Pauchon a trouvé la mort. La notice du Livre d'or précise qu'il fut «brûlé par une bombe», alors qu'il se trouvait dans une tranchée de première ligne.

 

 

fiche matricule de Pierre Pauchon

 

Pierre Pauchon, fiche matricule (1)

Pierre Pauchon, fiche matricule (2)
fiche matricule de Pierre Pauchon, né le 6 janvier 1894

 

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

Pierre Pauchon
de Thomarger (1)

Pierre Pauchon s’était fait incorporer au 3e zouaves, à Constantine, dès les premiers jours de septembre 1914. Son unique désir était de partir pour le front le plus tôt possible. Il considérait comme un devoir d’aller à l’ennemi sans tarder, et chaque fois qu’un convoi était formé pour la France, il réclamait l’honneur et le privilège d’en faire partie. Noble insistance, digne d’une belle âme ! Comme on aime à trouver chez les jeunes - il avait 20 ans - cette flamme d’enthousiasme patriotique ! De tels sentiments doublent le prix de la vertu. Faire tout son devoir, c’est bien : mais aller au devant du sacrifice, c’est le privilège des cœurs d’élite.

Les réclamations de Pierre Pauchon n’aboutirent qu’à la fin février. En s’arrêtant à Lyon, lors de son passage, il n’eut garde d’oublier le pèlerinage de Fourvière. Après l’avoir fait, comme un vrai fils de Sainte-Marie, il dit aux membres de sa famille : «Maintenant, je suis bien content. Ce sera comme le Bon Dieu voudra».

Bien content ! Ces mots si simples étaient l’expression de la réalité ; car il réfréna toute tristesse, et jusqu’au départ, il fut avec les siens d’une gaieté d’enfant. La pensée de combattre semblait le hausser au-dessus de toutes les préoccupations ordinaires. Il partait en vaillant.

Son rôle de défenseur de la France ne devait pas durer longtemps. Il occupait, à peine depuis quelques heures une tranchée de première ligne, lorsqu’au milieu d’une attaque, il fut grièvement brûlé par une bombe. Ainsi tombait au combat de Sillery (Marne), le 1er mars, cette jeune victime de la guerre.

1 - Il s'agit de Thomarget (avec un "t" et non un "r"), hameau situé sur le territoire de la commune de Saint-Julien-Molhesabate, dans la Haute-Loire.

 

 

 

Pierre Pauchon est mort à Sillery (Marne)

 

Sillery, carte légendée
Sillery, au sud-est de Reims

 

Sillery, carte IGN 1950, légendé
Sillery et le Fort de la Pompelle, carte IGN 1915 (Géoportail)

 

Diapositive1
Sillery, sur le front de la Ve armée

 

secteur de Sillery, tranchées, 118e RT
secteur de Sillery, tranchées occupées par le 118e régiment d'infanterie territoriale,
de novembre 1914 à septembre 1915 selon le J.M.O. (il s'agit d'un autre régiment que celui de Pierre Pauchon)

 

 

 

images du secteur de Sillery pendant la guerre

 

gare de Sillery, août 1915
gare de Sillery bombardée, août 1915

 

tranchée, secteur Fort de la Pompelle, 1918
tranchée, secteur Fort de la Pompelle (à côté de Sillery), 1918

 

Poilu du 310e RI à Taissy près de Sillery
Poilu du 310e RI à Taissy près de Sillery (Marne)

 

 

 

Pierre Pauchon, dans la liste des tués du 3e Zouaves

 

Historique du 3e Zouaves, couv
Historique du 3e régiment de Zouaves, 1921, couverture

 

Historique du 3e Zouaves, liste tués
Historique du 3e régiment de Zouaves, extrait de la iste des tués

 

 

 

Pierre Pauchon a été inhumé au cimetière militaire de Sillery (Marne)

 

cimetière de Sillery (1)
cimetière de Sillery (Marne)

 

nécropole de Sillery (1)
nécropole de Sillery (Marne)

 

nécropole de Sillery (2)
nécropole de Sillery (Marne)

 

nécropole de Sillery (3)
nécropole de Sillery (Marne)

 

nécropole de Sillery, juillet 2012
nécropole de Sillery (Marne), juillet 2012

 

nécropole de Sillery, sept 2013
nécropole de Sillery (Marne), septembre 2013

 

 

 

 

 

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30 juillet 2018

Gustave PERDU

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Gustave PERDU

 

 

PERDUX Raymond, fiche MPLF

 

Il n'a pas été permis pour l'instant d'identifier Gustave PERDU, capitaine de Chasseurs alpins, originaire (?) de Roanne.

S'agit-il de Raymond PERDUX, inhumé par les Allemands en août 1914 ?

 

 

 

 

 

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29 juillet 2018

Georges PETIT

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Georges PETIT

 

 

PETIT Georges, fiche MPLF

PETIT Georges, fiche MPLF double

 

 

Georges Petit est né le 28 mai 1890 à Annonay (Ardèche). Il est mort le 7 juillet 1916 à l'hôpital militaire Michel Lévy de Marseille (Bouches-du-Rhône).

Son père était négociant, à Annonay.

Il a effectué son service militaire d'octobre 1908 à septembre 1910, au 58e régiment d'infanterie à Avignon (Vaucluse). Il en sort avec le grade de sergent.

En 1914, il est affecté au 141e régiment d'infanterie, au dépôt des prisonniers à Carpiagne (en décembre). Classé service auxiliaire pour raisons de santé, en décembre 1915. Puis classé à nouveau service armé en mars 1916. Entré à l'hôpital de Marseille le 15 mai 1916.

Meurt dans cet hôpital le 7 juillet 1916 des suites de maladies : fièvre typhoïde, hémorragies intestinales.

 

 

acte de naissance de Georges Petit

 

acte de naissance de Georges Petit
acte de naissance de Georges Petit, à Annonay

 

 

 

fiche matricule de Georges Petit

 

Georges Petit, fiche matricule (1)

Georges Petit, fiche matricule (2)

Georges Petit, fiche matricule (3)
fiche matricule de Georges Petit, né le 28 mai 1890

 

 

 

Georges Petit a fait son service militaire au 58e R.I., à Avignon

 

Avignon, 58e RI (1)
caserne du 58e régiment d'infanterie, à Avignon

 

Avignon, 58e RI (2)
caserne du 58e régiment d'infanterie, à Avignon

 

Avignon, 58e RI (3)
caserne du 58e régiment d'infanterie, à Avignon

 

 

 

Georges Petit meurt à l'hôpital militaire de Marseille, le 7 juillet 1916

 

Marseille, hôpital militaire (1)
hôpital militaire Michel Lévy, à Marseille

 

Marseille, hôpital militaire (2)
hôpital militaire Michel Lévy, à Marseille

 

Marseille, hôpital militaire, blessés 1915
hôpital militaire Michel Lévy, à Marseille : soldats en convalescence, 1915

 

 

 

 

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28 juillet 2018

Louis POMÉON

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Louis POMÉON

 

 

Aucun renseignement, pour l'instant.

À noter que Louis Poméon figure dans la liste publiée dans le bulletin 1936 de l'association des Amicale des anciens élèves de Sainte-Marie mais qu'il a disparu de la liste publiée en 1937 dans le même bulletin.

 

 

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27 juillet 2018

Henri PRÉNAT

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Henri PRÉNAT

 

 

PRÉNAT Henri, fiche MPLF

 

 

Henri Léon Joseph PRÉNAT est né le 25 avril 1889 à Saint-Martin-en-Coailleux. Il était jumeau de Jean Henri Marie. Leur père était ingénieur.

Henri Prénat a effectué quatre mois de service militaire au 11e régiment de Dragons à Belfort (octobre 1910-mars 1911). Puis il est envoyé au 4e régiment de Chasseurs d'Afrique jusqu'en septembre 1912. Il opère plusieurs fois en Tunisie, en Algérie et au Maroc occidental.

À la mobilisation d'août 1914, il est appelé à ce 4e régiment de Chasseurs d'Afrique. Il meurt le 27 septembre 1917, au cours d'une patrouille tombée dans une embuscade, à Hundistea (noté Undistea) en Albanie où il est inhumé.

On trouve le récit de la mort d'Henri Prénat dans le J.M.O. (Journal de marches et d'opérations) de son régiment à la date du 27 septembre :

  • "Une patrouille composée du maréchal des logis Lepargueur, du brigadier Prénat, du cavalier Cascasset et sous les ordres d'un capitaine du 2e R.M.A. (régiment de Marche d'Afrique) tombe dans une embuscade. Les chevaux sont tués. Le brigadier Prénat tombe mortellement frappé ; le maréchal des logis Lepargueur, grièvement blessé, reste aux mains de l'ennemi ; et le cavalier Carcasset réussit à échapper aux poursuivants ennemis ainsi que le capitaine commandant la patrouille. D'après le rapport du capitaine commandant la patrouille, les trois cavaliers se sont admirablement conduit."

le 29 septembre, le J.M.O. ajoute :

  • "Le maréchal des logis Lepargueur est repris par le thabor albanais et donne les renseignements suivants : il est resté sans soins pendant tout le temps passé aux mains de l'ennemi ; un commandant autrichien l'a dépouillé de ses bottes, de son portefeuille contenant de l'argent et de sa montre ; le corps du brigadier Prénat sera enterré près d'Hundistea par les soins des Albanais".

L'armée lui a décerné deux citations.

L'une à l'ordre de la Brigade : "après avoir combattu avec le plus grand courage, a secouru un de ses hommes blessé restant ainsi exposé et découvert sous un feu très violent ; a eu la poitrine traversée d'une balle".

L'autre est à l'ordre de la Division : "Faisant partie d'une reconnaissance en terrain très difficile et à proximité de l'ennemi, a montré beaucoup d'entrain et d'énergie, a déployé beaucoup de sang-froid, lorsque cette reconnaissance est tombée sous le feu d'une compagnie autrichienne. A été tué".

Il a reçu la médaille militaire à titre posthume.

  • Henri Prénat est le frère d'Abel Prénat, lui aussi ancien de Sainte-Marie mort pour la France.

 

l'acte de naissance d'Henri PRÉNAT

 

RÉNAT Henri, acte de naissance
acte de naissance des deux frères jumeaux Prénat, le 25 avril 1889 :
l'employé d'état civil s'est trompé dans la mention marginale en indiquant la mort d'Henri Prénat en 1975,
il s'agit en réalité de son frère

 

 

la fiche matricule d'Henri PRÉNAT

 

PRÉNAT Henri, fiche matricule (1)

PRÉNAT Henri, fiche matricule (2)

PRÉNAT Henri, fiche matricule (3)
fiche matricule d'Henri Prénat, né le 29 avril 1889 et mort le 27 septembre 1917

 

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

Henri Prénat
de Saint-Chamond

Pendant sa dernière permission, Henri Prénat était venu s’asseoir à la table de ses anciens maîtres. Qui n’a conservé le souvenir de cette rapide visite ? On avait toujours eu une sympathie marquée pour l’ardent chasseur, et vraiment, lui aussi, semblait se retrouver en famille : ce qui augmentait la satisfaction de tous. On le plaisantait en souriant sur son passé, encore peu lointain, et il devait constater que les gronderies des maîtres n’excluent pas, pour les coupables les plus réprimandés, un fonds solide d’estime et d’affection. Mais on le questionnait surtout sur sa vie militaire, et il avait si fort le désir de contenter ses auditeurs qu’il répondait à tous avec un intarissable entrain, sans trop songer que son devoir du moment était de réparer ses forces.

Cette première visite précéda de peu de temps son dernier départ pour l’armée d’Orient.

Ce n’est point là cependant qu’il avait fait ses premières armes. Il avait débuté en septembre, avec son régiment dans les Vosges. Que de fois il fut exposé ! Il le dit lui-même :

  • «Nous faisions surtout des reconnaissances de terrain et il arrivait souvent, le soir, qu’il manquait à l’appel la moitié de ceux qui étaient partis le matin».

Après la bataille de la Marne, son régiment poursuivit l’ennemi dans les forêts des Vosges, car le recul de l’armée allemande avait été général sur tout le front. «Vous ne pouvez pas vous figurer le spectacle d’horreur dont nous avons été témoins. Au col de la Ch., en particulier, il n’y avait pas un mètre carré qui ne fut couvert de cadavres».

En octobre, l’intrépide bataillon est dirigé sur le Pas-de-Calais, et reste à Arras jusqu’au 7. C’est de là qu’en attendant l’infanterie, Henri Prénat et ses hommes sont chargés de faire les fantassins.

«Rudes journées, dit-il ? Nous sommes restés plusieurs jours et plusieurs nuits dans boire, ni manger, ni dormir». Mais il ajoute très simplement qu’il a l’habitude, comme au collège, de dire sa prière matin et soir ; qu’il invoque Notre-Dame de Valbenoite et porte toujours sur lui deux petites médailles de la Très Sainte Vierge, et il compte bien sur une protection toujours efficace.

À cette rude existence succède la vie non moins rude des tranchées sur le sol fangeux de la Belgique. «Souvent, il fallait rester 48 heures de suite avec de la boue jusqu’aux genoux !»

Au mois de mai, il se trouve avec les 50 000 cavaliers qui attendent pleins d’anxiété, dans la région d’Arras, une attaque imminente. Si le coup réussit, ils sont prêts à poursuivre l’ennemi, l’épée dans les reins, jusqu’à la frontière belge. Malheureusement, le succès ne répond pas à toutes les espérances, et de nouveau les chasseurs d’Afrique sont condamnés au rôle plus modeste de tenir ferme dans la tranchée. Comme il se trouve, lui, dans la région de Souchez et de Notre-Dame-de-Lorette, il entend jour et nuit une canonnade d’enfer. Le poste est des plus dangereux. Mais il a bien eu soin, avant son départ, de se mettre en règle : «En compagnie d’une dizaine d’autres chasseurs, je suis allé me confesser et faire la Sainte Communion».

Cependant ce n’était point sur le sol français qu’il devait tomber.

Envoyé en Orient, après plusieurs péripéties, il est dirigé vers l’Albanie, par étapes successives. Le canon ne tonne que vaguement dans le lointain, mais les visites des avions boches se multiplient et rarement peut-on se croire à l’abri de tout danger. Aussi a-t-il toujours sur lui l’image de Notre-Dame de Valbenoite ; elle ne le quitte jamais, et puisque déjà si longtemps il a échappé aux balles et aux obus, pourquoi ne serait-il pas protégé jusqu’à la fin ? La réponse de la Providence ne devait point être conforme à ses espérances.

C’est dans les circonstances suivantes qu’il allait trouver la mort. Nous empruntons ce récit à un journal de Provence :

  • «Une reconnaissance d’officiers, conduite par un capitaine français, s’en était allée hardiment, à cheval, trop hardiment sans doute, suivant la tradition française, reconnaître, en avant des lignes, si le village d’Hundistéa était occupé et quelles forces pouvaient se trouver là.
    Brusquement, la reconnaissance qui ne comprenait avec le capitaine qu’un maréchal des logis, un brigadier - le brigadier Henri Prénat -, et un chasseur d’Afrique, tomba sur une compagnie autrichienne. Un feu de mousqueterie intense se déclenche aussitôt. Il faut se replier précipitamment, toute résistance étant inutile.
    Mais dans son repli, la reconnaissance se trouve à nouveau à hauteur de Cesme, en présence de forces ennemies qui la poursuivent à coups de fusils et de mitrailleuses.
    Les chevaux atteints par les balles ennemies s’abattent l’un après l’autre ; les Autrichiens croyant aisément tenir les cavaliers embarrassés dans les étriers ou pris sous leurs chevaux s’élancent pour les capturer. Mais les chasseurs ont tôt fait de se dégager ; et à moins de cent mètres des Autrichiens prennent la fuite et se dispersent pour diviser les poursuivants. Des positions françaises, trop éloignées encore pour qu’on puisse leur porter secours, les soldats suivent, non sans inquiétude, les péripéties de la poursuite engagée.
    Voyant leur proie près de leur échapper, les Autrichiens s’arrêtent et tirent à courte distance, tandis que l’on voit l’officier et les chasseurs d’Afrique disparaître tour à tour dans les fourrés, apparaître à nouveau dans les clairières et finalement se perdre dans les bois.
    À la nuit, seul, tout d’abord, le capitaine rentre dans les lignes ; deux heures après, un chasseur d’Afrique arrivait, légèrement blessé. À l’appel manquaient le maréchal des logis et le brigadier morts, blessés ou prisonniers ? Une patrouille sort à leur recherche, elle rentre sans avoir rien vu ; une deuxième et une troisième sont également vaines. Ce n’est que plus tard que le cadavre du brave brigadier fut retrouvé : il était criblé de balles».

 

Salonique, dragons français à cheval, Krusa Balkan
dragons français à cheval, dans le Krusa Balkan (60 km au nord de Salonique)

 

 

 

des lieux et des hommes qu'Henri Prénat a fréquentés

 

Belfort, caserne 11e Dragons (1)
Henri Prénat a été au 11e Dragons, à Belfort, d'octobre 1910 à mars 1911

 

Belfort, caserne 11e Dragons (2)
Henri Prénat a été au 11e Dragons, à Belfort, d'octobre 1910 à mars 1911

 

Chasseurs d'Afrique (1)
chasseurs d'Afrique au Maroc ; cette carte postale a été postée en 1911, à l'épqoue où Henri Prénat s'y trouvait

 

Chasseurs d'Afrique (2)
le quartier Philibert des Chasseurs d'Afrique en Tunisie, à Bierte ;
avec son régiment, Henri Prénat se trouvait dans ce pays entre mars et mai 1911

 

Chasseurs d'Afrique (5)
quartier Philibert des Chasseurs d'Afrique à Bizerte

 

4e RCA, caserne Forgemol, Tunis
le 4e RCA, caserne Forgemol à Tunis

 

Chasseurs d'Afrique (3)
soldats du 4e régiment de Chasseurs d'Afrique

 

Chasseurs d'Afrique (4)
chasseurs d'Afrique au Maroc ; Henri Prénat y était du 20 mai au 24 août 1911

 

Chasseurs d'Afrique (6)
chasseurs d'Afrique en reconnaissance

 

Chasseurs d'Afrique (7)
armuriers du 4e régiment de Chasseurs d'Afrique, 1914

 

 

les circonstances de la mort d'Henri PRÉNAT

 

JMO 4e Chasseurs d'Afrique, sept 1917 (1)

JMO 4e Chasseurs d'Afrique, sept 1917 (2)
J.M.O. du 4 régiment de Chasseurs d'Afrique, septembre 1917

 

Salonique, dragons français à cheval
dragons français à cheval, dans le Krusa Balkan (60 km au nord de Salonique)

 

 

 

les lieux de la mort d'Henri PRÉNAT

 

Albanie, carte 1918
les opérations en Albanie en 1918, après la mort d'Henri Prénat

 

Elbasan et Hundistea, carte 1912
Elbasan et Hundistea, en Albanie, carte de 1912 (voir légende ci-dessous)

 

Hundistea carte légendée

 

Hundistea, carte 1912
Hundistea, en Albanie, carte de 1912

 

 

 

* une fiche généalogique sur Henri Prénat

 

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26 juillet 2018

Antoine PRORIOL

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Antoine PRORIOL

 

 

PRORIOL Antoine, fiche MPLF

 

 

Antoine Proriol est né le 11 octobre 1895 à Saint-Étienne (Loire). Il est mort le 23 septembre 1917 à l'ambulance 9/2 de Senoncourt (Meuse).

Son père était frabricant de tissus. Avant la guerre, Antoine Proriol était clerc de notaire.

Il a été incorporé en décembre 1914 au 55e régiment d'infanterie. Puis est passé au 28e R.I. en juin 1915 et au 5e en octobre de la même année. En novembre 1916, il est affecté au 162e R.I. Il était sergent.

Antoine Proriol a été blessé le 12 avril 1916, dans la région de Douaumont (Verdun) : une «plaie pénétrante du thorax droit par éclat d'obus».

En 1917, il est été cité à l'ordre du régiment :

  • «Au cours de la contre-attaque du 5 avril 1917 au matin, a permis par son courage et son sang-froid la progression dans les boyaux et rtanchées de la position conquise par l'ennemi».

Le 14 septembre 1917, il est à nouveau blessé, à Verdun : «Séton de l'extrémité intérieur de la cuisse droite par éclat d'obus». Il est cité à l'ordre de l'armée :

  • «Pendant la période en secteur du régiment, a fait preuve d'un réel mépris du danger en toutes circonstances. Modèle de courage et de sang-froid. A été grièvement blessé le 14 septembre 1917». Croix de guerre.

 

 

 

acte de naissance d'Antoine Proriol

 

acte naissance Antoine Proriol
acte de naissance d'Antoine Proriol, 11 octobre 1895 à Saint-Étienne

 

 

 

fiche matricule d'Antoine Proriol

 

Antoine Proriol, fiche matricule (1)

Antoine Proriol, fiche matricule (2)

Antoine Proriol, fiche matricule (3)
fiche matricule d'Antoine Proriol, né le 11 octobre 1895

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

Antoine Proriol
de Saint-Étienne

C’est au mois d’octobre 1906 qu’Antoine Proriol fit sa première entrée au collège Sainte-Marie. On peut dire qu’il fut jusqu’au terme de ses études le bon élève apprécié, aimé de tous ses maîtres et de tous ses condisciples.

Pour ceux qui l’ont connu, sa physionomie se détache en plein relief. Il avait avant tout le sentiment du devoir, l’accomplissant modestement, sans bruit, d’une façon toujours égale. À suivre la ligne droite, sans aucune défaillance, il se sentait heureux ; l’expression de son visage était celle d’une joie intime, facilement traduite par un bon sourire qui lui donnait quelque chose d’aimable et d’attirant. Aussi était-il attaché à son collège, et plus tard, même sur son lit d’agonie, il en parlera d’une façon émue : c’était pour lui un foyer dont le culte s’alliait et grandissait avec celui de la famille.

Sa vie militaire commença quatre mois après la déclaration de guerre, en décembre 1914. Incorporé au 55e d’infanterie, il passa à Pont-Saint-Esprit sa période de formation. Comme pour tant d’autres, elle fut nécessairement rapide. On avait un si grand besoin d’hommes ! Six mois à peine suffirent à en faire un excellent soldat.

Le voilà désormais lancé dans la vie active ou plutôt dans la mêlée ardente des batailles. Versé au 28e régiment, il parcourt successivement les fronts de l’Artois, à Mont-Saint-Éloi, de la Somme et de Verdun : c’est là qu’il reçoit une première blessure, au fort de Douaumont, le 13 avril 1916. Très grièvement atteint, on dut le transporter à l’arrière où il refit rapidement ses forces.

Le petit soldat avait hâte de reprendre son poste de dévouement. Il était de ceux qui, sous une apparence calme, nourrissaient les plus énergiques desseins. Pour la patrie, il fallait tenir ferme jusqu’au bout.

De nouveau saisi par le mouvement des opérations militaires, il est incorporé au 162e régiment d’infanterie et se bat vigoureusement dans l’Aisne, à Berry-au-Bac. Le 14 avril, pour sa belle conduite au front, il mérite, avec la croix de guerre, une citation à l’ordre du régiment : «Au cours de la contre-attaque du 5 avril 1917 au matin, a permis par son courage et son sang-froid la progression dans les boyaux et tranchées de la position conquise par l’ennemi».

Une fois encore, il était envoyé à Verdun, où il retrouvait la même intensité d’action militaire et participait à de terribles combats dans les secteurs de Bezonvaux et du Bois des Caurières. Pendant plus de six semaines, son régiment donna toute la mesure de sa valeur et mérita la fourragère pour sa superbe attitude au feu.

Mais cette gloire se paie cher ; les pertes sont sensibles ; le moment est donc venu d’aller chercher dans l’étape d’un repos si bien mérité une sève nouvelle. Se rajeunir, se refaire, puis recommencer, tel est le programme à remplir. Cette perspective si effrayante pour la nature, ne déconcerte point les braves. Antoine est de ceux-là.

Cependant, la mort devait le saisir au moment où il s’y attendait le moins. Lui qui avait échappé au feu le plus meurtrier est atteint par un éclat d’obus dans la cour même de la caserne de Miribel.

D’urgence on le transporte à l’ambulance de Maujouy. Il ne se croit pas blessé mortellement et avec sa délicatesse habituelle il tient à donner lui-même de ses nouvelles, pour rassurer sa famille. Mais soudain, le mal s’aggrave. L’obus dont il avait été frappé avait été empoisonné et l’infection la plus sérieuse se déclare au bout de quatre jours. Ce qu’il fut alors pendant les dernières heures de cette vie, si douloureusement tranchée, nous le savons exactement par l’infirmière même qui fut appelée à le soigner.

  • «Parmi tous les souvenirs de nos pauvres blessés, écrit-elle, celui de votre cher enfant reste le plus vivant dans ma mémoire. Je n’oublierai jamais son calme dans la souffrance, son sourire même chaque fois que je lui parlais et l’expression de son visage, où se lisait toute sa reconnaissance pour ceux qui le soignaient. Il me disait : "Même avec une jambe en moins, je serai toujours heureux auprès de mes parents" ; et il me racontait cependant combien, étant au collège, il était heureux de gambader avec ses camarades. À ce moment, il pensait rester estropié ; le terrible dénouement, survenu quelques jours plus tard, ne lui avait pas encore traversé l’esprit. Au reste, il ne souffrait pas lorsqu’il ne remuait pas ; ce n’est que les deux derniers jours, lorsque la fièvre a commencé à monter si rapidement, qu’il s’est plaint.
    Dès ce moment, sa résignation fut admirable, et son courage devant la mort, sublime. Il se mit à me parler de vous, de son père, et encore de son collège ; puis comme le soir tombait, il s’inquiétait de ce que M. l’abbé Paulet ne pouvait se rendre assez vite auprès de lui. Il me dit : "Nous avons un petit compte à régler ensemble, il ne faut pas tarder".
    Je les laissais seuls. Lorsque je revins auprès de lui, il semblait tout absorbé par une de ces pensées mystérieuses que nous avons appris à connaître dans les tristes devoirs que nous sommes appelées à remplir ici».

Il reçut les derniers sacrements avec une piété admirable, demanda de l’eau de Lourdes, et prononça ces dernières paroles : "Vive la Sainte Vierge !".

Quelques instants après, son regard se voilà un peu ; dans cette demi-obscurité, perdant petit à petit le sens de la réalité, il prit son infirmière sans doute pour sa mère, lui tendit ses deux bras, et s’éteignit doucement, la tête reposant sur l’épaule de celle qui l’avait entouré d’une sollicitude toute maternelle.

Sa mère, le Collège, Notre-Dame de Lourdes : dans ce triple souvenir, le jeune mourant évoquait ainsi, pour se réconforter, tout ce qu’il avait le plus aimé sur terre. Une mort semblable laisse après elle comme un parfum du ciel. C’est bien l’aube du jour qui se lève, dans les joies de la vraie patrie.

 

 

 

les derniers combats d'Antoine Proriol en septembre 1917, à Verdun

 

JMO 162e, 14 septembre 1917, légendé
extrait du JMO du 162e régiment d'infanterie :
à la date du 14 septembre 1917, on compte 38 blessés et 3 évacués

 

ravin de Helly, ravin des Vignes, légendé
secteur des combats de septembre 1917

 

de la caserne Miribel à Senoncourt
de la blessure à Verdun vers l'ambulance de Senoncourt

 

 

Antoine Proriol a été touché par un éclat d'obus

dans la cour de la caserne Miribel, à Verdun le 14 septembre 1917

 

Verdun, caserne Miribel, 1916
caserne Miribel, à Verdun, bombardée en septembre 1916

 

 

 

Antoine Proriol est mort à l'ambulance 9/2 de Senoncourt (Meuse),

le 23 septembre 1917

 

Senoncourt, grande rue, cavalier
Senoncourt (Meuse)

 

Senoncourt, ferme Maujouy, carte photo
Senoncourt, ferme Maujouy, carte photo

 

Senoncourt, ferme Maujouy, ambulance (1)
Senoncourt, ferme de Maujouy (Meuse), ambulance britannique (source)

 

Senoncourt, ferme Maujouy, ambulance (2)
Senoncourt, ferme de Maujouy (Meuse), ambulance britannique (source)

 

 

 

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25 juillet 2018

Nérée RADISSON

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

 

 

Nérée RADISSON

 

 

RADISSON Nérée, fiche MPLF

 

 

 

Nérée Radisson est né le 5 février 1883 à Lyon (Rhône). Il est mort le 9 septembre 1914, sur la route de Rouen au Havre (Seine-Maritime). Il avait trente-et-un ans.

Il est l'un des nombreux enfants d'Auguste Radisson, président de la société Stéarinerie et savornnerie de Lyon.

Il a effectué son service militaire de novembre 1904 à septembre 1905, au 3e régiment de Zouaves, cantonné à Sathonay (Rhône).

Il s'est marié avec Clara Goutard, le 2 octobre 1909, à Lyon (2e arr.). Deux enfants.

Il est enterré à Lyon.

  • Nérée Radisson avait un frère, également mort pour la France : Victor Radisson

 

 

Auguste Radisson, le père de Nérée

 

Auguste Radisson, notice bio
source : Qui êtes-vous ? Annuaire des contemporains,
notices biographiques
, Paris, 1924

 

Société de Stéarinerie et savonnerie de Lyon
société anonyme de Stéarinerie et savonnerie de Lyon,
signature : Auguste Radisson

 

 

 

fiche matricule de Nérée Radisson

 

Nérée Radisson, fiche matricule (1)

Nérée Radisson, fiche matricule (2)

Nérée Radisson, fiche matricule (3)
fiche matricule de Nérée Radisson, né le 5 février 1883

 

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

Nérée Radisson
de Lyon
Extrait du Mémorial de la Guerre

Nérée Radisson, né le 5 février 1883, était le fils aîné de onze enfants. Il avait servi dans les zouaves ; mais un récent accident le condamnant à rester à l’arrière, il sollicita de partir à l’avant comme conducteur d’automobiles. Il fut affecté à ce poste à l’état-major du général d’Amade, et partit les premiers jours d’août, avec le plus bel enthousiasme.

Toujours prêt à remplir les missions difficiles et dangereuses, il les sollicitait et manifestait, avec un optimisme sans défaillance, une noble et patriotique ardeur.

Le 8 septembre 1914, il fut victime d’un terrible accident d’automobile et brûlé vif dans la voiture renversée. Au milieu de ses affreuses souffrances, prolongés vingt-quatre heures, il montra le plus admirable courage, fit joyeusement le sacrifice de sa vie pour la France et mourut en donnant à tous le plus bel exemple de patriotisme et de résignation. Il laisse une veuve et deux enfants.

Une de ses dernières paroles est celle qu’il adressait à la Sœur chargée de l’assister et qui voulait le soulager avec des piqûres de morphine : «Oh ! ma Sœur, cela n’en vaut pas la peine ; laissez-moi souffrir, c’est autant de moins que j’aurai à souffrir au purgatoire !».

 

 

Nérée Radisson a fait son service militaire à Sathonay (Rhône),

au 3e Zouaves, 1904-1905

 

Sathonay, zouaves, tambours et clairons
camp de Sathonay, zouaves, musique

 

Sathonay, le poste, 3e zouaves
camp de Sathonay, zouaves, le poste

 

Sathonay, zouaves au repos
camp de Sathonay, zouaves au repos

 

Sathonay, allée des cuisines
camp de Sathonay, allée des cuisines

 

Sathonay, zouaves aux agrès
camp de Sathonay, zouaves aux agrès

 

Sathonay, zouaves, départ à l'exercice
camp de Sathonay, départ des zouaves à l'exercice

 

Sathonay, zouaves, le repos
camp de Sathonay, zouaves au repos

 

Sathonay, groupe de zouaves
camp de Sathonay, groupe de zouaves

 

 

 

Nérée Radisson a servi comme conducteur automobile, août-sept. 1914

 

conducteurs d'automobile
conducteurs d'automobile, pendant la guerre

 

conducteur d'automobile
conducteur d'automobile, pendant la guerre

 

conducteur d'automobile, carte écrite de Weiler (Alsace)
conducteur d'automobile, carte écrite de Weiler (Alsace)

 

 

 

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24 juillet 2018

Victor RADISSON

les 146 anciens élèves de Sainte-Marie morts pour la France, 1914-1918

 

Victor Radisson, portrait fond vert

 

 

Victor RADISSON

 

 

RADISSON Victor, fiche MPLF

 

 

Victor Radisson est né le 10 mars 1885 à Lyon (Rhône). Il est mort le 5 novembre 1914 à Poperinghe (Belgique). Il avait vingt-neuf ans.

Il était officier de carrière, sorti de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1907. Lieutenant, d'abord dans l'infanterie puis dans l'artillerie. Il est devenu ensuite pilote d'avion, obtient son brevet de pilote militaire n° 149 le 9 août 1912 (source) puis est détaché dans cette arme en septembre 1912.

En 1913, il se trouve au centre d'aviation militaire de Maubeuge (Nord). Il vole sur un monoplan Deperdussin à moteur Gnôme. (source)

En 1914, il est affecté à la toute nouvelle escadrille MS-26.

  • «Créée sur le terrain de Saint-Cyr, le 26 août 1914, l'escadrille reçoit une dotation initiale de 4 avions Morane-Saulnier type L et prend l'appellation de MS 26. Elle est placée sous les ordres du capitaine Robert Jannerod, un aviateur de grande expérience qui s'est illustré au Maroc.
    Retraitant avec l'armée française, elle s'installe sur le terrain de Saint-Souplet et prend part à la bataille de la Marne avec la 6e armée.
    Du 21 septembre au 1er octobre 1914, l'escadrille détache 2 avions, 2 officiers pilotes et 9 mécaniciens à Anvers. La ville étant assiégée par les troupes allemandes, ces éléments avancés étaient beaucoup trop exposés. Au bout de quelques jours, les avions et les hommes font mouvement sur Breteuil. Le 12 octobre 1914, la MS 26 fait mouvement sur Ostende, puis le 17 octobre sur Dunkerque et finalement sur Saint-Pol-sur-Mer, le 19 octobre.
    Le 6 novembre 1914, l'escadrille MS 26 passe sous le commandement de la 8e armée». (source)

Victor Radisson fait partie du détachement envoyé à Anvers le 21 septembre 1914.

Il meurt à l'hôpital de Poperinghe (Flandre occidentale, Belgique).

  • Citation à l'ordre de l'armée : «Au cours de la campagne, a exécuté de nombreux vols sur l'ennemi et rendu des services précieux. A été décoré pour faits de guerre le jour-même où il a trouvé la mort en essayant de remplir sur un appareil très fatigué la mission qui lui avait été confiée. Avait effectué sur les lignes ennemies une reconnaissance au cours de laquelle son avion avait été touché par les balles ennemies». (7 novembre 1914)
  • Légion d'honneur : «Blessé au combat et décédé de ses blessures à Poperinghe, le 6 novembre 1914. Neuf ans de service, trois campagnes. Services exceptionnels rendus au cours d'une reconnaissance aérienne exécutée le 30 septembre 1914, malgré un temps particulièrement défavorable».
  • Décoration belge : «Pour reconnaître la bravoure et le sang-froid dont il a fait preuve en prenant l'air contre la pluie et la bourrasque, pour une reconnaissance importante, le 29 septembre dernier, à Anvers, et cela malgré l'échec de plusieurs autres tentatives de départ et en accomplissant sa mission en dépit de tous les obstacles».

 

  • Victor Radisson avait un frère, également mort pour la France : Nérée Radisson.

 

 

fiche matricule de Victor Radisson

 

Victor Radisson, fiche matricule (1)

Victor Radisson, fiche matricule (é)
fiche matricule de Victor Radisson, né le 10 mars 1885

 

 

Sainte-Marie, Livre d'Or, 1914-1918

Victor-Marie Radisson
de Lyon

Né le 4 mars 1885, à Lyon, Victor-Marie-Joseph Radisson résolut dès l’enfance, d’entrer dans la carrière militaire. Reçu à Saint-Cyr en 1905, il entra dans l’aviation en 1910. Il fit la campagne du Maroc et l’expédition de Taza en 1913. Lorsque la guerre éclata, il demanda tout de suite à rentrer en France, brûlant toutes les étapes pour entrer plus vite dans l’action.

Toute son activité intelligente, toute sa bravoure, superbe de sang-froid et d’audace, il les dépensa sans compter pendant ces trois premiers mois de la guerre qui le placèrent au rang des héros et, si vite, le conduisirent à la mort glorieuse.

Chargé de missions spéciales, confidentielles et dangereuses, cité deux fois à l’ordre de l’armée, décoré de la Légion d’honneur, de l’ordre de Léopold et de la Croix de guerre, le lieutenant Radisson fut tué à Poperinghe (Belgique), au cours d’une de ces reconnaissances périlleuses exécutées sur le front ennemi, malgré la tempête dont il fut victime.

Tous ceux qui l’ont vu à l’œuvre, chefs et subalternes, sont unanimes à admirer son exceptionnelle bravoure, son sang-froid remarquable et sa modestie qui était celle des héros.

Son plus intime ami (tué aussi !) écrivait à sa famille au moment de sa mort :

  • «Je revis par ses lettres les étapes de sa vie d’officier si noblement remplies et dont vous pouvez être si noblement fiers. Elles restent le témoignage d’une amitié de choix qui m’a permis de connaître son âme ; et je l’ai aimé et je l’aime avec tant de douloureuse ardeur parce que je n’ai jamais trouvé en lui que des idées à estimer, des efforts à admirer, des sentiments nobles et généreux, reflets de son âme claire et loyale».

Lui-même écrivait à ses parents, dans une lettre d’adieu confiée à un ami : «Je meurs heureux, ne me pleurez pas ! Souvenez-vous que je suis tombé au service de la France et que cela a été de tout temps mon plus cher espoir».

Cet adieu si noble, si simple, résume sa vi, ses aspirations, son but suprême atteint si vite. Il est tombé en plein vol et n’a connu de la vie que les hauteurs. Tous ceux qui l’ont connu ne pourront oublier sa belle silhouette d’officier français.

 

 

 

 Victor Radisson a servi comme lieutenant au 133e R.I.

 

Belley, caserne du 133e (1)
Belley (Ain), caserne du 133e régiment d'infanterie

 

 

 

 Victor Radisson a volé sur le monoplan Deperdussin à moteur Gnôme

 

monoplan Deperdussin, moteur Gnôme
un monoplan Deperdussin moteur Gnôme

 

 

le lieutenant Victor Radisson et son appareil

 

le lieutenant Radisson et son appareil
carte postale : le lieutenant Radisson et son appareil, Maubeuge

 

un départ du lieutenant Radisson
un départ du lieutenant Victor Radisson

 

le lieutenant Radisson et son Deperdussin
le lieutenant Victor Radisson et son Deperdussin "Vaillance"

 

rapport capitaine Varaigne
rapport du capitaine Varaigne commandant le détachement français d'aviation à Anvers

 

rapport 20 sept 1914 (1)

rapport 20 sept 1914 (2)
rapport sur la mission du 29 septembre 1914
(le rapport a ét éremis le 30 et non le 20 septembre comme écrit en titre)

 

citation à l'ordre de l'armée
citation à l'ordre de l'armée

 

 

 

 

Victor Radisson meurt à l'hôpital de Poperinghe

 

Poperinghe, l'hôpital, daté 1915
Poperinghe (Flandre occidentale, Belgique), l'hôpital

 

 

 

Victor Radisson, décoré de l'ordre de Léopold

 

La Métropole (Anvers-Londres), 12 novembre 1914
La Métropole d'Anvers, paraissant provisoirement à Londes, 12 novembre 1914

 

 

 

 

 

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